mardi 28 janvier 2014

Visa d'Africains...Les chicaneries françaises et les humiliations séculaires imposées aux Africains.


(…) L’histoire humaine nous enseigne que c’est le comportement d’un homme qui fait qu’on le respecte, ou qu’on le méprise. Nos relations avec la France doivent être des relations de partenariat et non celles d’un tuteur à un mineur. Il faut une fois pour toute sortir de cette idée que la France va aider au développement de l’Afrique (…)

I - introduction

Il n’y a pas très longtemps nous étions invités à une cérémonie de baptême d’un petit garçon de six mois, dans la région lyonnaise, par un couple amis. Le mari est un français, blond aux yeux bleus ; un homme très courtois, d’une grande amabilité, très humble et d’une humanité très visible. Il est profondément amoureux de son épouse, une noire originaire de ce pays d’Afrique de l’ouest qu’on appelle la Côte d’Ivoire.

Après la cérémonie à l’église, nous sommes allés au domicile du couple où un rafraîchissement et un déjeuner étaient prévus. Là, le mari nous a exprimé sa colère et surtout sa honte face au comportement du consulat de France à Abidjan qui a refusé le visa à la mère de son épouse qui devait venir voir sa fille et assister au baptême de son petit fils.

Il expliquait avec rage que sa femme et lui ont fourni tous les documents demandés par le consulat, rien ne manquait et pourtant le visa a été refusé, sans la moindre explication. Avant d’aller plus loin examinons ici la liste des documents exigés par les ambassades et autres consulats français pour le voyage d’un africain dans leur pays.

II – Documents exigés par la France

Le Sénégalais, le Malien, l’Ivoirien, le Togolais ou le Camerounais qui désire aller en visite en France doit fournir les documents suivants :

- Un billet d’avion aller et retour

- Une attestation de travail,

- Une attestation de congé,

- Une copie des trois derniers bulletins de salaire,

- Une copie de sa carte de CNPS ( sécurité sociale)

- Un relevé de son compte bancaire,

- Une quittance de loyer,

- Une quittance de la facture d’eau

- Une quittance de la facture d’électricité, si possible du Gaz

- Un certificat d’hébergement ou une réservation d’hôtel en France,

- Une assurance de voyage etc.

Celui qui vous invite en France doit vous envoyer :

- un certificat d’hébergement

- une attestation de loyer

- son dernier bulletin de salaire

- son attestation de payement de ses impôts des années 2007 et 2008

- une copie de sa facture d’électricité EDF

Lorsque vous avez tous ces documents, il est inutile de pavoiser car vous n’êtes pas au bout de vos peines, vous devez obtenir un rendez-vous ou vous lever très tôt le matin pour aller affronter l’arrogance, le mépris et la condescendance du personnel administratif français sans oublier une de ces interminables files d’attente devant l’Ambassade ou le consulat de France à Bamako, Dakar, Douala , Abidjan ou à Lomé.

Il ne faut pas oublier d’ajouter une somme de 40 000f cfa au dossier, car en cas de refus du visas, cette somme ne vous sera pas remboursée. Nous refusons ici de commenter le caractère mesquin de cette procédure et toute la chicane qui accompagne la liste des documents à fournir. Même la gestapo allemande et l’union soviétique de la guerre froide, ne demandaient pas autant de documents.

L’attestation de loyer, la facture d’eau et d’électricité de celui qui veut aller assister au mariage d’un frère ou au baptême d’un enfant est tout simplement indécent, ridicule et minable de la part d’un pays qui a occupé et asservit d’autres peuples pendant des décennies, en les accompagnant dans une misère sans nom à travers son soutien à des dictatures sordides et criminelles.

Mais pour être polis, restons dans le domaine du droit pour dire que chaque pays est libre de fixer les règles d’entrée sur son territoire national et sur ce plan, la France est libre de prendre les dispositions qu’elle juge nécessaire d’appliquer aux Africains pour fouler son sol. Cela est normal et relève de la souveraineté de l’Etat Français et nous n’avons rien à redire.

C’est exactement comme dans la nuit du 16 au 17 juillet 1942, quand le gouvernement français prenait tout seul la décision souveraine de rafler les juifs français. La fameuse rafle du Vélodrome d’hiver, sans que l’occupant Allemand ne le demande, dans le seul but de plaire aux nazis et de permettre aux Français de souche de s’emparer honteusement des biens de leurs victimes juives.

9000 policiers et gendarmes furent mobilisés à cet effet et 13 152 juifs, selon les chiffres du gouvernement français, furent déportés dans le camp d’internement de Drancy, avant d’aller finir en déportation dans les abominables camps de la mort de l’Allemagne hitlérienne. C’est là l’une des plus belle page que la France, patrie des droits de l’homme peut offrir au monde d’aujourd’hui.

Nous rappelons qu’en 1986, quand la France, après les attentats terroristes avait imposé le principe des visas à tous les ressortissants de l’Afrique noire et du Maghreb, notre frère, le capitaine para commando Isidore Noël Thomas Sankara, président du Burkina-Faso, avait aussitôt appliqué la réciprocité en exigeant le visa pour tous les français désireux de séjourner au Burkina-Faso.

C’est là que se trouve la solution des chicaneries et autres humiliations quotidiennes que la France impose depuis des siècles aux africains. Il faut donc commencer par avoir à la tête de nos pays des dirigeants politiques, qui ont le sens des valeurs. Des dirigeants qui ne sont pas couchés à plat ventre devant le moindre directeur de cabinet d’un ministre français de passage à Lomé, à Bamako, Conakry, Dakar, Abidjan ou Yaoundé.

L’histoire humaine nous enseigne que c’est le comportement d’un homme qui fait qu’on le respecte, ou qu’on le méprise. Nos relations avec la France doivent être des relations de partenariat et non celles d’un tuteur à un mineur. Il faut une fois pour toute sortir de cette idée que la France va aider au développement de l’Afrique.

C’est faux et même impensable qu’un Français puisse y songer. Voilà cinquante ans que cela dure. Montrez nous un seul pays de l’espace francophone de notre continent qui est développé ? Cela n’existe pas et les Africains que nous sommes, devons nous en prendre aux choix stupides de nos dirigeants politiques.

III – Organiser une vie de dignité chez nous aussi

Commençons par organiser chez nous une vie de dignité à travers notre propre activité de production. Commençons par retirer les ordures ménagères de nos rues et faisons en sorte que la richesse nationale, déjà insuffisante, produite par la majorité de la population, ne soit plus accaparée par une minorité, dont le niveau de vie insulte la pauvreté croissante de nos malheureux peuples africains.

Le racket, le tripatouillage, la magouille politico affairiste, les surfacturations, les attributions de contrats d’Etat sans appels d’offres, l’étalage de résidences et de voitures luxueuses dans des pays où la majorité des citoyens ont de la peine à manger est une indécence qui frôle l’inconscience.

Nous voulons pouvoir nous soigner chez nous quand nous sommes malades. Ainsi qu’avoir chez nous aussi une retraite, digne de ce nom pour nos vieux jours, avoir des routes praticables en toutes saisons, pour relier nos grands centres urbains à notre arrière pays.

Voilà des choses simples qui ne doivent pas être un rêve pour notre génération et qui peuvent se réaliser chez nous sans attendre Godeau. Nous ne demandons pas la lune, mais vivre dignement chez nous. Bref, faire en sorte que dans sa recomposition politique, économique, sociale et culturelle, la gestion des affaires publiques de nos pays soit transparente et loin de l’opacité actuelle qui favorise la combine mafieuse et les détournements massifs de l’argent public. Tel est le principal défi du moment.

VI – Visas et souveraineté

Un pays souverain est libre d’édicter, à n’importe quel visiteur, les conditions de pénétration sur son territoire national. Que ceux qui ont de la mémoire se souviennent encore des conditions de séjours d’un Allemand de l’Ouest à Berlin-Est, et vous comprendrez qu’ils ne nous contrediront pas sur ce point précis.

Si nos pays ont le sens de l’honneur, ils doivent aller le plus loin possible dans l’application de la réciprocité. Pour sortir de l’arrogance et des conditions humiliantes d’attribution du visa français voici ce que les pays africains peuvent aussi exiger comme conditions pour l’obtention d’un visa pour aller au Sénégal, au Cameroun, au Mali, en Côte d’Ivoire au Togo ou au Burkina-Faso.

V – Documents à exiger par les ambassades et consulats Africains en France

Voici ce que nous proposons comme Documents à fournir pour le français qui sollicite un visa d’entrée dans nos modestes pays africains :

- Un billet d’avion aller et retour

- Une attestation de loyer

- Un relevé bancaire

- Trois derniers bulletins de salaires

- Copie de la facture d’eau, d’électricité ou de gaz

- Une copie de sa carte de sécurité sociale

- Une réservation d’hôtel ou un certificat d’hébergement

- Un casier judiciaire vierge

- Un certificat médical attestant que le requérrant du visa n’a pas un penchant pour la pédophilie, car la pédophilie est considérée par les pays européens eux mêmes comme un acte criminel, indigne et immoral.

- Tous français déjà impliqués dans une affaire de corruption est automatiquement interdit de séjours dans nos pays fragiles d’Afrique.

Cette disposition nous permettra de ne plus entrer en matière et en affaire avec tous ces industriels véreux, qui ont des accointances avec le gouvernement français et qui mettent leurs avions et leurs bateaux à la disposition du chef de l’Etat français pour des vacances, et qui font parfois de lui un de leurs agents commerciaux auprès de nos malheureux gouvernements obligés très souvent d’attribuer des marchés publics sans appels d’offres à des entreprises qui n’ont que des avantages chez nous et pas de charges.

- une assurance maladie

- Une assurance de voyage

- Et une caution de 500 000f cfa, remboursable au retour du requerrant du visa. Si dans les trois jours qui suivent son retour, il ne se présente pas à notre modeste consulat, cette somme ne sera plus remboursable.

Voilà des simples conditions d’attribution des visas qui feront réfléchir tous les Français qui veulent venir au soleil et s’offrir du bon temps en Afrique. Il est évident que seul un gouvernement africain qui a suffisamment du courage et surtout une haute idée de ses responsabilités peut prendre de telles dispositions.

C’est lorsque des ministres français, des hommes d’affaires comme Bouygues, Pinault ou Bolloré auront accompli de telles formalités que la France entière se rendra compte des humiliations et des chicaneries inutiles qu’elle impose quotidiennement aux Africains.

VI – Conclusion Générale

Les combats que les Africains ont mené depuis la nuit noire du colonialisme nous enseignent : qu’il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de pays dominés qui ont réussi leur développement, ou dont le plein épanouissement national à été l’œuvre d’un autre pays.

C’est grâce au pouvoir d’autodétermination, conféré par l’indépendance, qu’un peuple retrouve la libre disposition de lui même et peut alors s’organiser de manière à bâtir une économie, une culture, une nation à son service.

C’est dans cette voie que nous disons de façons très claire, que la nature des hommes nous importe peu, l’ethnie ou la descendance royale de telle ou telle personne, ne nous intéresse plus encore moins les diplômes qui ne permettent pas de prendre les bonnes décisions, quand on est aux commandes des affaires d’Etat.

Nous voulons à la tête de nos pays des hommes et des femmes qui ne sont pas au service d’une tierse puissance. L’idée d’un homme à la tête de son pays pour préserver les intérêts d’un autre pays, au détriment de ceux de son propre peuple, est la chose la plus humiliante et la plus indigne de l’histoire de l’homme sur la terre.

Nous devons simplement avoir le courage de rompre avec de telles pratiques qui nous rendent ridicules et honteux devant ce monde qui nous regarde avec pitié portant nos malheurs sur nos têtes au bord de la route de l’histoire, dans un terrain vague et infertile où l’avenir semble ne plus pousser.

On peut être pauvre et se faire respecter. Le Rwanda de notre frère Paul Kagamé nous enseigne que quand une puissance moyenne a formé des génocidaires et veut jouer au matamore chez vous il faut expulser son ambassadeur et rompre les relations diplomatiques avec elle. L’Algérie nous enseigne que quand l’occupant vous méprise et piétine votre existence il faut prendre les armes et le chasser sans ménagement.

Le Vietnam nous enseigne que la puissance de feu de l’occupant ne peut pas surpasser votre connaissance du terrain et votre volonté de vivre simplement libre chez vous. Alors chers compatriotes d’Afrique et d’ailleurs, l’heure n’est plus à la fatalité, aux pleurnichages et aux jérémiades inutiles, le temps des salamalecs est bel et bien terminé, les Africains doivent simplement prendre des dispositions pour défendre le peu de dignité qui leur reste ainsi que leur modeste vie et leur survie sur cette terre des hommes, rien de plus.

Africains, Nous sommes des peuples libres, il est possible que nos dirigeants politique corrompus, hautains et médiocres pensent le contraire, à ceux là, nous leur réservons le juste sort et la belle fin de vie de Ceausescu ou de Mobutu, dans la nuit du grand soir de la dignité retrouvée. Dans cette quête, ne baissons donc pas les bras, encore moins la tête, comme l’exprime si bien cette vieille chanson paysanne des montagnes du Venezuela :

<< Se Puede matar el hombre

Pero no mataran la forma

En que se alegraba su alma

Cuando sonaba ser libre >>

Ils peuvent tuer l’homme

Mais il ne peuvent tuer la façon

Dont son âme se réjouit

Lorsqu’elle rêve d’être libre.

Dr SERGE-NICOLAS NZI

Chercheur en communication
Lugano ( SUISSE )
Tel. 004179.246.53.53
E-Mail : nzinicolas@yahoo.fr

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