mercredi 15 octobre 2014

Focus : Rentrée et sortie politique de Marc Ravalomanana à Madagasikara

Marc Ravalomanana avec son fils et son épouse, à Faravohitra  - KoloTV
Marc Ravalomanana est de retour à Madagascar, son pays d'origine, et l'actualité est à nouveau agitée de son nom. Le Président n'en n'était pas à son premier essai, alors que sous la transition tenue par Andry Nirina Rajoelina qui lui avait arraché le pouvoir, il avait été refoulé au guichet d'enregistrement même de l'aéroport d'AFrique du Sud, bloqué par des notams.

Dans la nuit de lundi à mardi il a été dit que Marc Ravalomanana aurait atterri à Antsirabe, sa ville natale, avant de gagner la capitale qui se situe à peu près à deux heures de route. Il aurait ainsi pu rentrer sur le territoire malagasy sans que les autorités compétentes ne soient capables de le remarquer, du moins officiellement. Il est à l'heure actuelle à Antsiranana, hébergé dans la résidence de l'Amirauté, qui semble avoir été préparée ces derniers jours selon l'Express Madagascar, qui sur cet argument met une possibilité de doute sur le dessous de ce retour qui ne dit peut être pas tout.
Il a prétendu avoir été soutenu par la SADC et d'autres pays forts sur la faisabilité de ce retour discret. Tout comme son prédécesseur Didier Ratsiraka en son temps, l'ancien président se trouve sous le joug d'un mandat d'arrêt issu d'un jugement par contumace qui a été rendu alors qu'il se trouvait en exil, jugement rendu par la justice du régime de la transition.
Si son retour a surpris la grande île et a suscité énormément d'émotion autant au sein de ses partisans que de ses adversaires politiques, la population Tananarivienne a vécu un vrai moment politique tant les évènements se sont enchainés.

A peine avait-il touché le sol malagasy, dit-il, qu'il a pris la route et s'est dirigé vers la capitale, ce qui lui a permis d'affirmer devant ses partisans réunis de façon impromptue, qu'il avait fait le tour et qu'il avait été amené à constater l'état de délabrement du pays et le désarroi apparent des malagasy.

Emotion
En effet le président déchu avait quitté la grande île dans des contextes encore non révélés au grand public, lors du renversement politique de 2009, qui avait vu basculer les pleins pouvoirs aux mains d'un jeune civil et ancien maire de la capitale, Andry Nirina Rajoelina, après l'échec d'un directoire militaire extra-constitutionnel et entaché de troubles.
L'île depuis a connu cinq années de marasme politique mais surtout économique, bloquée par une feuille de route non appliquée et attendue de la communauté internationale. Aux abois avec un niveau de vie qui a placé le malagasy à 0,40 euro par jour. Les curseurs sont tous descendus dans le rouge car la communauté internationale a suspendu les soutiens financiers à la Grande Ile, et survivre est devenu la seule manière d'entrevoir un futur menacé, pour une population de 22 millions d'âmes, dont presque la totalité est composée de paysans sur une terre que l'on ne cesse de découvrir riche en matières premières.


Avant 2009...
Marc Ravalomanana -MR- a laissé une île continent en meilleure santé économique. C'est un président de la République qui a mis du temps à être reconnu par la communauté Internationale, à la sortie d'une crise qui l'a assis au siège des plus hautes fonctions de l’État. Plus proche affectivement des USA que de la France, il entretenait de bonne relations avec les pays "amis", avait personnellement investi dans ce qui était devenu le fleuron de l'industrie malagasy et créé énormément d'emplois de son fait mais aussi en encourageant certaines entreprises étrangères à venir gérer les entreprises locales telles que la Jirama ou Air Madagascar.
C'est également sous sa gouvernance que le Bianco ou le Samifin voient le jour. Le MAP rentre aussi en scène, un plan de développement pour lutter contre l'insécurité alimentaire et porter l'île à répondre aux attentes des objectifs du millénaire. Il ira vers un désir "d’anglicisation" en amenant des slogans anglophones ou concepts importés tels que "rapid results initiatives" ou "task force" jusqu'à même suggérer d'intégrer l'anglais à l'école.


Madagascar, la généreuse
Auparavant déjà homme d'affaire fort habile et fortuné, sa position de président et son pouvoir lui auront permis de développer intensément son empire, prenant monopole sur les secteurs clés et ayant une politique agressive de redressement fiscal envers ses concurrents ou les entreprises qui pouvaient "encombrer la route". Plusieurs milliards d'impôts non payés avaient été "offerts" alors à l'empire TIKO en terme de cadeau fiscal, ce qui avait assombri sincèrement sa popularité, mais ce sera l'achat d'un second Air Force One à 60 millions de dollars qui excitera le plus le talent oratoire de son rival Andry Nirina Rajoelina, profitant des cet abus pour se hisser au plus haut dans un paysage politique muselé.
MR tient le haut du pavé partout, s'appuie également allègrement sur les instances religieuses de l'église réformée telles que le FJKM en en devenant vice-président, instances dans lesquelles les bailleurs de fonds internationaux, sous son impulsion, viendront à injecter de l'argent.
Le jeune maire, lui, bénéficie alors de soutiens de taille qui lui permirent d'accéder aux plus hautes fonctions de l'état en profitant tout simplement de la susceptibilité de MR, qui n'avait soutenu la diffusion d'un simple discours issu de youtube, diffusé depuis l'appartement de l'amiral Rouge Didier Ratsiraka, ancien président de Madagascar et exilé politique en France. Marc Ravalomanana entrave le droit d'émission de la chaine tv viva appartenant au maire, et se faisant entame un bras de fer dont il ne se relèvera pas. Andry Nirina Rajoelina incitera à la destruction de son empire en entrainant la population qui peut à incendier les locaux de commerce TIKO. Plus de 20 corps carbonisés seront pris par les flammes d'un Lundi Noir sans enquête, quand une fusillade du Samedi Rouge en zone rouge devant le Palais Présidentielle viendra clôturer le bras de fer, MR s'enfuit, ANR devient Président de la Transition, après un brouhaha de directoire militaire avorté.

Aujourd'hui les Malagasy sont dubitatifs
Une partie de l'opinion qui a toujours soutenu MR continue de réclamer le retour aux fonctions de l'ex président, nostalgique d'une ère meilleure économique, du Pater et de tout l’environnement qui la sécurise et qu'elle peut voir en lui. En effet il a toujours entretenu le lien depuis son exil en faisant, même si proscrit, des conférences depuis sa terre d'exil et par téléphone, retransmises via des haut-parleurs sur la place de ses anciens commerces. Il bénéficie aujourd'hui d'une aura médiatique, et peut ressusciter son parti resté en sommeil tout au long de son exil.
Le sentiment d'injustice également trône chez elle, quand un président évincé dans des conditions qui méritent enquête internationale et audition des protagonistes, enquête qui ne s'est jamais faite, a quitté le sol malagasy avec le statut d'exilé politique, et un jugement par contumace. MR était retenu en AFrique du Sud sans avoir reçu de la communauté internationale un signal fort le concernant, alors que le coup d'état à Madagasikara avait été un fait accepté et reconnu de bien des chancelleries.
Les épisodes également qui ont fait que l'épouse du Président, qui avait elle, réussi à retrouver sa terre natale alors que sa mère était malade, n'ait pu se présenter aux élections présidentielle alors qu'elle n'avait pas été portée sur la liste des personnalités sous sanction édifiée par la CI, ont choqué et enclenché chez les partisans pro Ravalomanana la déception et l'incompréhension.


2014
Aujourd'hui la grande île se réveille un peu groggy mais toujours très tôt le matin, avec un président qui a été élu démocratiquement, à l'issue d'élections transparentes bien sûr, et qui a hérité d'un pays posé au fond de l'Océan Indien, la proue ancrée dans le sable. Hery Rajaonarimampianina, reçu dernièrement par le Président Hollande et reconnu par la communauté Internationale, est un personnage plus technique que politique, qui a souhaité s'éloigner de ses attaches "Rajoeliennes" et de ses mentors de campagne présidentielle au premier jour de sa présidence en se défaisant au plus des conseils et normes du président de la Transition. Une scission est née entre les deux hommes, devenus meilleurs ennemis mais encore issus de la même histoire politique, le Président Rajaonarimampianina ayant été le ministre des finances sous ANR. La tâche alors n'est pas aisée de relever ou de normaliser à nouveau un grand pays blessé, et l'impatience habite très volontairement derrière l'attente interminable d'un mieux. Les premiers objectifs étaient de respecter la feuille de route article par article, et les dernières élections ont été calibrées même si maladroitement, sur la partition musicale de cet ouvrage de conciliation vers la sortie de crise.
Les noms indésirables ont été rayés de la liste des candidats, les conditions de déroulement du scrutin ont été visées par les observateurs internationaux, pour parvenir à l'élection de Hery Rajaonarimampianina, candidat de dernière minute de ANR alors exclu des candidatures. C'est un face à face inédit et qui n'aura pas laissé grandes traces dans l'histoire politique de la grande ile qui nait entre Rajaonarimampianina et un candidat inattendu et maladroit médiatiquement en la personne du Docteur Robinson qui représente le parti de MR.
Le poste de Premier Ministre n'ira pas à ANR, que l'on avait imaginé dans un shéma à la Poutine, et un gouvernement se met en place.



Retour vers le futur
Marc Ravalomanana surprend l'opinion en réapparaissant de façon assez irréelle à son domicile, le bouche à oreille fonctionne, et des partisans et curieux se massent vers chez lui, certains parviennent à entrer dans la propriété quand d'autres s'impatientent de l'autre côté.
Il prend alors la parole en public, il se tiendra alors du haut de son balcon, micro à la main, à destination de ses partisans.
La presse sera contenue à l'intérieur, (image ci dessus) et amassée autour d'un ancien président en mal de médiatisation. Il prendra la décision de s'exprimer instinctivement et sans ambages sur ses prédispositions qui ne semblent pas être celles du temps que l'île connaît actuellement. L'homme déclare alors que le pouvoir lui a été confisqué et que le peuple doit savoir maintenant ce qu'il a à faire. Il ne mettra pas suffisamment de mesure quant aux déclarations concernant son retour, clamant qu'il avait reçu pour se faire, le soutien de plusieurs pays tel que l'Allemagne, les États-Unis, la Norvège, l'Afrique du Sud, le Zimbabwe ou encore la Tanzanie.

Lecture des évènements

". « Si nous avions déclaré la semaine dernière : ça suffit, aujourd’hui, nous annonçons que c’est terminé, je refuse d’être complice de l’échec de ce régime qui fait la honte de la Nation et du Peuple malgache sur le plan international ».



Après avoir récemment déclaré qu'il se rangeait fermement du côté de l’opposition depuis son exil, une fois arrivé il a déclaré ne plus vouloir attendre 2018 pour répondre aux attentes qu'il entend, des malagasy. En dehors des reprises des propos retransmis ça et là sur les réseaux sociaux et autres hebdomadaires traditionnels locaux qui peuvent être perçus comme déplacés et tenus par le président déchu Marc Ravalomanana, chacun peut en tirer sa propre analyse.



Alors que MR parvient à revenir, le premier sentiment qui a pu survenir a été le soulagement. Le soulagement car ce retour était gravé dans la feuille de route, et devenait un vrai manquement à l'application de celle-ci, possiblement lié au blocage encore palpable des versements promis de la CI. Deuxièmement, même si cela tendait la situation, sa présence répondait aussi des droits de l'homme car un malagasy expulsé ne pouvait le rester, et cela impliquait un éclairage sur les évènements qui l'ont fait partir, chose que les populations attendent fortement. Car les évènements de la fusillade de iavoloha sous Ratsiraka avaient déjà laissé des blessures ouvertes, celle de 2009 venait se rajouter au triste tableau macabre des faits impunis qui ont fait tomber des malagasy de la classe modeste sous les balles. De nombreuses déclarations issues des acteurs de second plans ou de possible premier plan avaient filtré dans les médias sans pouvoir être reçus à la hauteur des enjeux et pour cause, révéler et toucher à ces événements venait certainement à faire trembler la sphère politique, militaire, mais aussi celle de certains entrepreneurs locaux.

De l'empathie aura donc pu prendre place, et aussi une réelle satisfaction de la maturité d'un Gouvernement qui, acceptant de le laisser rentrer, faisait alors preuve de son engagement vers la stabilité et le retour de la paix. Car MR avait bénéficié d'une grande victimisation du fait de son exil, et à chaque discussion sur la situation politique de Madagascar, revenait sans cesse cette problématique de l'absence d'un des concernés par les événements que les 22 millions de malagasy continuent de payer très cher. Il était alors inimaginable de se dire, alors que la nouvelle enflammait les ondes, que l'Etat n'avait en rien validé ce retour!

Mais très vite c'est la consternation qui a pris place devant des propos et l'assurance un peu déplacée tenus par cette haute personnalité politique qui a réussi à rentrer au pays dans le secret, et qui allait, devant la presse, non seulement affirmer sa posture d'adversaire politique, mais lancer un défi au Gouvernement en place. L'incompréhension de quelqu'un qui revient au pays et qui n'attend pas de faire son possible pour être reçu au plus vite par le Président, et entamer un processus de conciliation.
Sans oublier que si son retour n'avait pas été programmé et validé de la présidence, comme l'a confirmé le Directeur de cabinet, MR avait à en découdre avec le gouvernement afin d'au mieux négocier sa situation d'homme entré sans être passé par les voies légales et étant de plus, sous le joug d'un mandat d'arrêt.

Là les choses se sont vite enchainées, et les forces de l'ordre sont venues interrompre les démonstrations de force de Ravalomanana et disperser avec les lacrymogènes, les attroupements qui s'amplifiaient aux alentours de sa villa.
Son portail  a été forcé en tirant sur les systèmes de fermetures (c'est donc que l'ex président certainement ne collaborait pas) et rapidement il a été exfiltré en premier lieu vers le camps Ratsimandrava, puis finalement à Antsiranana.
Une grande déception devant cette situation qui a causé l'intervention des forces spéciales, alors que c'est depuis ce moment que devait commencer la conciliation.
Avait été annoncé par Patrick Rajoelina depuis son compte tweeter, puis confirmé par l'admin de TNN sur les échanges de forum, que le président Rajaonarimampianina devait recevoir MR à 18h au Palais, et si c'était vrai, et si il avait attendu, la situation en aurait-elle pas été tout autre?

Ce qui est sur, c'est que MR a eu la sensation de retrouver la terre qu'il avait laissée, mais qui a connu depuis son départ, bien des changements, il aurait fallu très certainement de ne pas sous entendre une quelconque dissidence afin d'encourager le processus, il y allait de la responsabilité de chacun"
ECH

Midi Madagascar : " L’ancien président serait transféré dans un autre endroit ce jour. Quoi qu’il en soit, l’arrivée de Marc Ravalomanana à Diégo Suarez a fait l’objet d’une forte mobilisation militaire. Les hauts responsables militaires au niveau de la région Diana se sont réunis hier de 17h à 19h. Cette réunion aurait été convoquée par des membres du gouvernement en charge du maintien de l’ordre qui se trouveraient à Diégo depuis hier matin. Une source bien informée indique que la résidence Amirauté est placée sous haute sécurité depuis hier. Des blindés seraient postés pas loin du bâtiment. Notre source dévoile que Morondava serait la prochaine destination avant l’Afrique du Sud. Chose curieuse, la communauté internationale se tait devant cette situation qui risque de compromettre une sortie de crise apaisée pour la Grande Ile. Des membres de cette communauté internationale ont tenté de trouver un consensus sur le cas de l’ancien président, mais ils auraient échoué.
Etat de santé. Hier, la famille de Marc Ravalomanana a haussé le ton pour condamner ce que le pouvoir est en train d’infliger à ce dernier. « Nous allons porter plainte. », a annoncé sa femme Lalao qui veut avoir une rencontre avec le président Hery Rajaonarimampianina pour parler du cas de son mari. Le fils Tojo Ravalomanana n’a pas caché ses inquiétudes sur l’état de santé de son père : « Papa a plus de 60 ans. Il a besoin de prendre tous les jours des médicaments. Ce qui n’est pas le cas depuis son arrestation. » En tout cas, la famille de l’ancien président appelle à une vraie réconciliation nationale. Reste à savoir si le régime en place dira non à cet appel.














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