mercredi 26 février 2014

Scandales politico-financiers, fortunes des élites et pauvreté.


                            Ce n'est pas très original et tout le monde s'y est habitué, les Présidents à vie ou presque nous laissent aboyer, se disant que leurs caravanes rutilantes passent suffisamment loin de nous et que nous avons la mémoire courte, de toutes façons, et que la misère nous occupera bien assez.
Effectivement la misère prend les tripes et la tête, avec une chose qui tend à changer et qui est inespérée, la conscience politique qui s'éveille et qui a réussi à passer outre les niveaux d'instruction médiocres, quand les dernière générations trentenaires ou presque aujourd'hui « s'arment » d'un smartphone et s'activent sur les sites de micro-blogging.
De la Tunisie en passant par le Sénégal qui a même créé son propre « hashtag » -kebetu-, beaucoup de ténacité et de vigilance ont permis les veilles sur les grands événements politiques, tels que la chute de Ben Ali, ou les résultats des élections présidentielles Wade/Sall. Les formations aujourd'hui circulent sur le net sur les révolutions non violentes, pacifiques, qui portent en elles les espoirs des populations les plus réprimées. Les populations seront certainement de moins en moins isolées de ce qu'elles ne maîtrisent pas, pour être actives et réactives sur ce qu'elles maîtrisent.

Nombre de documentaires disponibles même sur le web, nombre d'articles ou de sujets en radio ont été réalisés et écrits à ces fins, informer le plus grand nombre des excès de nos dirigeants, et cela sous tous les cieux. En France, les réactions choquées des citoyens fusent quand Cahuzac se fait prendre dans le cyclone du scandale politico-financier, les affaires ELF ou celle de la disparitions des archives papiers de Claude Guéant sous Sarkozy démontrent que ces histoires cachées et inavouables font partie d'un art qui n'est pas seulement l'affaire des « biens mal acquis » des Africains presque centenaires et encore au pouvoir. Ce sujet est à nouveau en une ces jours-ci, quand les fusillés de Kiev font que le Président Vicktor Ianoukovitch déserte ses responsabilités, en laissant derrière lui la datcha comportant en elle-même une station service privée, un zoo, un lac et une sorte de Drakkar fier et droit sur le plan d'eau..

      


Qu'est-ce donc que cette insensibilité morale et éthique des divers chefs de partis, ou d'institutions, qui banalisent les fortunes pourtant décriées et mises au grand jour, d’états en crise, de populations à bout de nerf, réclamant le pain et le toit, qui banalisent surtout les actes inhumains envers les peuples.
Quelle honte, si ce n'est pas la première fois que l'on tire à balles réelles sur les hommes de la rue, de Madagasikara jusqu'en Ukraine, que les politiciens et les instigateurs spécialisés et passionnés en troubles constitutionnels s'acharnent sur les peaux dénudées et démunies des « contribuables » qui ne semblent aujourd'hui contribuer presque exclusivement à l'enrichissement personnel des plus hauts placés.
 
                                       
                                                         7 Février 2009 – Madagasikara / Antananarivo


Les populations les plus exposées aujourd'hui se révoltent pour le pain. Voilà bien une régression du Nord au Sud qui n'a pas toujours d'excuses, et nombreux pays en crise portent en eux des erreurs systèmes assez considérables. le monde tourne autour d'hommes qui prendront la pause autant avec Obama que Sarkozy même quand il se retrouvent au cœur de scandales financiers ou de mœurs inimaginables. L'Italie a Berlusconi, fondateur de Fininvest et propriétaire du groupe de communication Médiaset, qui était à la tête d'une fortune de 7,8 milliards de dollars en 2011, l'Espagne, qui subit de plein fouet la crise économique mondiale et la crise de la dette de la zone euro, va jusqu'à faire venir à la barre la famille Royale via l'infante Cristina, quand lui avait alors été reproché d'être concernée par des affaires de blanchiment d'argent et de fraude fiscale.
Il n'y a jamais eu autant d'argent entre les mains d'une infime partie de la population mondiale.

Jamais tant de sombres dossier n'avaient défrayé la chronique, tant l'écart s'est creusé entre les tenants de pouvoir et les populations. En effet plus les précarités se creusent, et plus ces sujets sont l'occasion de dénoncer les inégalités et les abus de tous ordres devant une moralité politique qui s'est fait la malle, et une éthique ignorée volontairement, un peu comme quand on trompe sa femme, on dit que la respecter c'est faire en sorte que cela ne se sache pas.
La Realpolitik a pris le dessus dans toutes les circonstances et s'est immiscée comme propice peu importe l'histoire et la culture politique. Dire qu'elle est nettement concentrée sur les pays dits « en voie de développement » est donc inexact.
Quand on dit du continent noir freiné qu'il ne s'en sortira pas puisque rongé par de médiocres réflexes politiques, on peut s'étonner de constater que sous les réalités reconnues des plus « démocratiques » l'animal politique reste le même, chercher les financements à la veille des campagnes électorales, monnayer de grands services ou effacer certaines mémoires devient facile peu importe le soleil qui éclaire les grands esprits. L'Afrique est d'ailleurs pour la chose fort courtisée, depuis que tous les prétendants au pouvoir d'Occident et d'ailleurs venaient s'impatienter à la porte de tant de chefs d’état du continent mère pour attirer compassion financière et soutien face aux besoins de bois-sans-soifs ayant ambition politique plus grande que désir d'élever les masses asservies. Et là la vérité nous révèle que des pays dont les habitants vivent dans une précarité extrême et qui n'ont rien pour eux ont des gouvernants/gouvernements qui financent les élections des présidentiables de pays d'Occident !


 
Grâce aux médias, au web, à la capacité d'expression individuelle modifiée, aujourd'hui de plus en plus d'informations pertinentes et vérifiées sont portées à la connaissance des internautes, des lecteurs et autres téléspectateurs, toujours mieux ébahis par les chiffres étourdissants devant un Poutine détenant plus de 40 milliards de dollars (2011), ou un Kadhafi qui lui tiendra tête avec plus de 120 milliards de dollars selon le centre de recherche CERNAM.
Les grands exemples de puissances laissent rêveurs les tous petits lecteurs, quand on lit que la dette publique des États-Unis dépasse son plafond et atteint 17027 milliards de dollars et que les personnalités qui gèrent ces grands ensembles sont issues d'écoles prestigieuses depuis la nuit des temps et ont eux-mêmes fortunes personnelles plus que conséquentes. Le maire de New York par exemple est le 13ème américain le plus riche avec une fortune personnelle de 18,1 milliards de dollars en étant également à la tête de Bloomberg L.P qui vaut aujourd'hui 23 milliards de dollars.
Là n'est pas de dire que ces hautes personnalités au pouvoir ont une fortune détournée pour tous de l’État pour lequel ils œuvrent, mais de dire que certainement certaines postures et réseaux servent ces intérêts. Évidemment souvent avant les mandatures, ces hommes avaient déjà belle fortune, et ont su développer stratégiquement leurs affaires également sur appui de postes clés, qui forcent aux conjonctures favorables et favorisées.

le pot de terre contre le pot de fer : Comment doit se positionner aujourd'hui le petit entrepreneur ou l'artisan qui s'installe à son compte, ou celui qui trime sous le soleil brûlant, les bras chargés de chargeurs téléphoniques, boîtes de mouchoirs empilées, et autres brosses à dent pour 3000 FCFA en fin de journée, comment peuvent se positionner les ouvriers qui voient leurs usines fermer devant la décentralisation massive d'immenses groupes bénéficiaires qui doivent honorer les actionnaires et la concurrence du marché de la production avant la protection de l'emploi des pays dont ils sont pourtant issus, comment comprendre qu'il vaut mieux exploiter des hommes et des femmes à 100 euros le mois au lieu d'imposer la décence et de payer les gens en fonction d'une règle de respect mutuel et de désir d'élévation pour l'autre?
Comment expliquer aujourd'hui que les tenants du pouvoir ne créent pas chez eux les hôpitaux qu'ils vont chercher à l'étranger pour eux-mêmes, les écoles supérieures dans lesquelles ils mettent leurs petits dès que l'âge est acquis, comment expliquer qu'ils trouvent le sommeil quand les populations s'entassent entourées d'immondices, sans pouvoir faire face à al maladie, à la violence, au vol, au viol, dans ces familles il n'y a ni début de mois ni fin de mois, chaque jour est une fin de mois...


Le pire reste encore à être découvert sur le mélange affaires-politique, quand Serge Dassault depuis la France montre avec brio comment quand on a la fortune et le pouvoir, on achète des voix lors des élections municipales à Corbeille-Essonne, le même Dassault qui donnait tout pour défendre son immunité parlementaire il y a peu, et qui avait rassemblé autour de lui les atouts nécessaires jusqu'à là. Satanée immunité... Acheter des voix ou même les inventer n'était pas nouveau, les emplois fictifs, ou les électeurs fantômes, affaire Elf ou autre, les exemples ne manquent pas pour dire que les cols blancs ou les politiciens, quand ils exercent leurs ambitions, ils le font avec l'accord tacite de leur sphère proche et élargie, et savent que leur pouvoir éteindra toute tentative de nuisance malvenue.

Le vieux Continent noir est en ligne de mire, et c'est bien là la Terre de certains des plus grands conflits de ce monde, quand la guerre, la famine, la précarité, ont de grandes affinités avec le train de vie insolent des Présidents, de leurs descendants et proches des nébuleuses. Là s'opposent catégoriquement d'une part, développement local des infrastructures, qualité et niveau de la vie des habitants, créations d'emplois, respect des droits de l'homme, respect des institutions,... et d'autres part, luxure et croissance exponentielle des moyens financiers d'une poignée d'hommes qui détiennent les responsabilités d'épanouir les pays et les hommes, faisant fi de la redistribution des richesses aux populations, et des équilibres à maintenir là où souvent l’oppression prend lieu et place de toute contestation mineure ou plus importante.
Les structures politiques sont centralisées autour d'un parti unique, et si le mirage du multipartisme venait à poindre, cela serait dans la seule condition que le parti unique garde la main mise sur le pouvoir, quitte souvent à organiser soi même l'opposition, pour maîtriser les tenants et les aboutissants, simuler une diversité d'opinion et de partis, et installer les populations un temps crédules, dans une illusion de Démocratie. N'est pas rare de voir que le moindre parti issu de la force politique la plus imposée et en lien avec les chefs d'Etat porte en lui le mot « Démocratie. », et se trouver être l'acteur majeur de marasmes économiques et sociaux.

Le Continent Africain et les zones ralliées portent en eux une insolente richesse, en ayant comme seul grande faiblesse fatale de ne pas exploiter elles mêmes es richesses, et de dépendre trop sur ces questions, des autres qui ont marqué l'histoire passée ou les contrats d'aujourd'hui immuables. Si l'Afrique se mettait à gérer ses ressources avec intelligence, créativité et implication, elle dépasserait même les fameux « objectifs du millénaire ».

Inconcevable donc de voir qu'aujourd'hui certains pays fort subventionnés ne sont pas pourvus en électricité ou en eau potable et courante de façon satisfaisante, offrant aux habitants une pénibilité et une précarité qui vont directement à l'encontre du développement.

La question des richesses et incontournable, et tous les cas méritent à être évoqués, la Namibie, l'Afrique du Sud, le Niger, ou encore l'Algérie ont l'uranium pour que seulement six pays d'Afrique qui détiennent des réacteurs nucléaires, l'exemple de ce qui est démontré sera définitivement la pénurie de carburant au Nigeria en 2007, quand l’inefficacité des raffineries locales, matériel défectueux, rétention des stocks et approvisionnement inadéquat ont pu entraîner des pénuries dans le pays plus gros producteur de pétrole d'Afrique.

« La gestion rentière de l'économie caractérise la manière dont les élites politiques et économiques des pays du Tiers-mondes en général et notamment des pays africains subsahariens conduisent les affaires dans leurs pays respectifs. Le pacte colonial accepté et pratiqué par les premiers Chefs d'Etats africains de ces pays dits indépendants, les scandales économiques et financiers liés au bradage des ressources minières, le gaspillage public, la gabegie et la corruption des hommes au pouvoir sans vision d'avenir pour leurs compatriotes et pour eux-mêmes, l'absence de gestion rationnelle de l'économie, l'extrême penchant à l'égoïsme des cadres intellectuels et le réel manque de volonté politique des gouvernants pour promouvoir la production et mettre en place une redistribution des fruits du travail sont successivement évoqués dans leurs manifestations diverses mettant toujours à nu la connivence des élites au pouvoir dans leur tragique avènement.

Du Libéria à la République du Centrafrique, et au Mozambique, passant par la Côte d'Ivoire, le Burkina Faso, le Nigéria, le Tchad, les deux Congo, l'Angola ; du Bénin au Mali, en Guinée, au Niger etc. les pratiques aboutissent au même résultat d'appauvrissement à l'extrême de la population par une junte d'intellectuels aux affaires. Ce ne sont pas les peuples qui manquent de courage et de volonté de changement insiste Bamony. Mais l'échec de ces pays dans la voie du développement à l'Occidental, tient essentiellement à la faiblesse de leurs élites. Mais comment des sociétés aux traditions hospitalières et solidaires réputées peuvent-elles secréter des élites politiques qui font preuve d'un égocentrisme sans comparaison, en livrant leur peuple à la mort certaine ? »

Extrait de Pierre Bamony, Pourquoi l'Afrique si riche est pourtant si pauvre ?, Le Manuscrit, coll. « Essais et Documents », 2010



Erika Cologon Hajaji