mardi 28 janvier 2014

Saint Louis/Sénégal "Une cloche sous le minaret"

UNE CLOCHE AU MINARET.

Connaissez-vous cette île, je vous en avais déjà parlé, je vous avais dit qu'elle était une Femme...
Je l'ai rencontrée, l'autre jour elle s'appelait Saint Louis, auparavant sa patrie mère l'avait affectueusement nommée Ndar...
Avant cela elle s'était présentée sous le nom de Madagascar, c'était l'Endroit... Madagascar.
(lire note "Ma Plume... «la porte du non-retour»")

Je vous parle de ces Femmes, de ces femmes qui ne se sont pas offertes mais qui n'ont plus jamais existé dans le sens digne du terme depuis que l'Etranger les a défleurées, le Civilisateur a dévasté les cultures, les âmes et l'Histoire, et violé la plus grande intimité de ces Fleurs en lisière d'Océan.

On n'y parle plus de Fayderbes et de Mermoz que des Tirailleurs et de la Traite du Noir, les Portugais ont capturé des Africains, et de là comme une traînée de poudre cela a crée un engouement, treize millions de Noirs vont être extirpés de leurs Serres mères et déportés outre Atlantique, beaucoup vont transiter par cette escale Saint-louisienne, investie Portugaise, Hollandaise, et Française...

Aujourd'hui les âmes s'échouent en pleine mer dans des embarcations de fortune en quête d'un Salut prometteur, nous avons un problème d'époque, avant c'était chaîne au poignets et cou cerné d'un attelage de bois que le Noir s'embarquait pour les galères... Il crevait, il endurait, voyait ses frères et ses fils partir, sonnés au milieu de ce nœud grouillant d'âmes torturées et baignées de sueurs, dans ces cales humides et sombres sous vides d'air, les poumons des hommes poissons hors de l'eau, asphyxie et détresse pour le grand export.

A l'Hôtel de la Poste, repère de Jean Mermoz, icône de l'Aéropostale, des galleries de photos jaunies... Et curieusement une odeur d'encre. Au début au tout début j'ai été attirée par ces couleurs boisées, les rambardes lustrées, un patio haut de trois étages, vertigineux, des plantes à lianes tropicales qui percent le ciel, les balcons en coursive, le chic de l'ambiance coloniale, et puis vous le sentez bien on s'emporte le colonial peut-il être chic!?

Des images et témoignages jaunis, ces dames hors du temps, les peaux blanches de lait et le sourire qui porte outrage, apaisées de se trouver dans ce sanctuaire de l'histoire de la gloire française, où le blanc chassait le noir, où le blanc devenait maître et polygame, le blanc marquait au fer les hommes, les avenues, la place principale, érigeait sa statue en trône à l'entrée de la ville... le blanc a-t-il perdu la tête?
Qu'avons nous fait de nos cinquante ans Nous Afrique?
Mais que deviendriez-vous si on vous demandait de Naître à nouveau, quand plus aucune montée de lait jamais ne sera programmée pour vous grandir et vous donner le sein, et que vous échapperez aux anticorps protecteurs, quand votre matrice est déjà sous terre, votre Maman ne vous aimera point, les patries se sont arraché vos Terres, le Civilisateur est venu pour vous élever et a chassé votre moule.

Saint Louis est la plus ancienne maîtresse de la France.
Le civilisateur lui a remis tous les ors de la gloire qu'il avait extirpé le temps suffisant de l'abus, l'a piétinée tant elle était accessible, première capitale d'Afrique Occidentale Française, Louis XIV l'avait bénie de loin, qu'est-elle devenue aujourd'hui, une ville fantôme, les murs ont des oreilles ceux là ont tout oublié.
J'ai demandé à ce guide, qu'étiez-vous avant? Qu'étiez-vous avant le Français, le Hollandais, et ce Portugais... Il ne savait pas, il n'a pas su me répondre et il ne sait pas ce qu'il était avant, amnésique me direz-vous, comment se contenter de l'histoire des autres, «avant Jésus Christ» et après, nous n'avons même pas d'«avant Jésus-Christ», et Jésus est blanc de toute évidence.

REBORN.
A ceux qui s'exclament et qui s'indignent sur ce que font les Africains depuis qu'on les a colonisés, ceux-là doivent se dire qu'ils préfèreraient encore se faire lâchement jeter sur le bord du chemin comme des infidèles, comme des malpropres, que de subir encore les frasques des machinations du Blanc.
Ils vous diront aussi qu'ils attendent encore la décolonisation.
Outrés vous êtes? Mais le savez-vous, dans quel état vous nous mettez, savez-vous depuis quand ces civilisations Noires luttent, et savez-vous, que si vous nous avez choisis de gros garrot et de dents blanches pour accomplir vos tâches c'est qu'à notre place vous n'auriez pas survécu.
Décimer l'Afrique de façon intensive à si grande échelle ne joue-t-il pas un rôle quant aux destinées de son peuple?

Indignés vous êtes de constater nos turpitudes et errances marquées par l'insolence de notre puberté, l'Afrique est jeune, et novice, l'Afrique est jeune et ne veut muer trop rapidement, ne peut muer instantanément.
Elle a fait vos guerres, défendu vos terres, comblé vos Patries mères, redoré vos bataillons fiers, a donné aux canons, sa chair...
Et vous qu'attendez-vous, pensez-vous que nous soyons si cupides ou pensez-vous que la peur du lendemain qui nous a élevé a sûrement injecté dans nos veines de vilains réflexe d'un tien vaut mieux que deux tu l'auras. Vous êtes le modèle Blanche Patrie, vos cœurs ont corrompus les nôtres pour votre Essentiel égoïste et fulgurant.
Nous n'avons plus d'essentiel, et pourtant vous ne venez jamais chez nous par hasard...

Une seconde naissance comme si nous étions dans un temps négatif «moins cinquante» sur l'échelle du temps, car nous devons arrêter une date de naissance Africains, nous devons décider de la durée de la gestation dont nous sommes seuls maîtres maintenant.
Ne nous sentons pas orphelins de nos fers, mais ressuscités – pas abandonnés, mais affranchis de la soumission, ne nous soumettons pas non plus à nos diables, achetons-nous un avenir.
Ne détournons pas de nous-même ce que nous de devons articuler pour demain traiter d'égal à égal avec l'ancien. L'ancien n'est pas forcément le Sage, l'ancien n'est pas forcément le modèle, la voie. L'ancien est ce meilleur ennemi, pour qui on a eu un prix il y a un temps, avec lequel, qu'il le veuille ou non, nous avons toujours eu un rapport d'intérêt, ce qu'il a su voir, c'est que nous étions riches.

UNE CLOCHE AU MINARET.
Un seul endroit au monde a devancé tous les tiraillements de notre actualité, de la Suisse à la France, et cela depuis 1659, le Gouverneur Faidherbe sur la ville de Saint-Louis au Sénégal, avait déjà solutionné le problème lié à l'identité nationale Française et la signalétique jugée oppressante des architectures arabes des lieux de cultes musulmans.

La Grande Mosquée de Saint Louis ne détient pas de minaret, et afin qu'elle se fonde dans le paysage psychologique chrétien, une cloche siège au dessous d'un horloge, ici pas de Muezzin, la seule mosquée au monde qui sonne la cloche pour la prière de l'Islam...
Vous pouvez apercevoir la cloche suspendue à son axe  blanc, qui, sous la présence française était utilisée pour signaler les prières.Le cercle juste au dessus est une l'horloge, qui a été depuis repeinte de blanc. 
(l'horloge et la cloche étant une signialétique correspondant aux églises)
Vous pouvez apercevoir la cloche suspendue à son axe blanc, qui, sous la présence française était utilisée pour signaler les prières.Le cercle juste au dessus est une l'horloge, qui a été depuis repeinte de blanc. (l'horloge et la cloche étant une signialétique correspondant aux églises)

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