mardi 28 janvier 2014

Madagasikara : De Radama 1er jusqu'en 1896


1810 : Avènement de Radama Ier. Hubert Deschamps dit de ce souverain que « son règne court, extraordinairement rempli, marque un tournant et inaugure le XIXe siècle malgache, avec les trois caractères qu’il gardera jusqu’au bout : rivalité franco-anglaise, conquête de la plus grande partie de l’île par les Merina, pénétration des influences européennes ».



1814 : La France doit céder à l’Angleterre l’île Maurice, Rodrigue et les Seychelles mais le gouverneur britannique de Maurice, l’Écossais Robert Farquhar, réclame aussi les comptoirs français de la côte orientale de Madagascar et crée même un poste anglais à Port Louquez, dans la baie d’Antongil. Il est désavoué par Londres mais il imagine de s’appuyer sur la puissance mérina grandissante pour développer l’influence anglaise dans la grande île.



1816 : Des créoles de Maurice, Chardenaix puis Lesage, sont envoyés à Tananarive par le gouverneur anglais et le second y obtient la conclusion d’un traité d’amitié et de commerce.



23 octobre 1817 : Un envoyé de Farquhar, Hastie, signe avec Radama un traité qui lui reconnaît le titre de roi de Madagascar, contre la renonciation au trafic d’esclaves et avec la promesse d’une fourniture d’armes et de subsides. Ce premier traité est confirmé par un autre, conclu le 11 octobre 1820. Une armée disciplinée, encadrée par des instructeurs européens, est constituée et équipée de fusils et de quelques canons, ce qui donne au royaume mérina une supériorité militaire absolue sur ses éventuels rivaux. Le royaume des Bezanozano a été soumis dès 1817.



décembre 1820 : Des religieux britanniques, le révérend Jones de la London Missionary Society, et le révérend Griffiths ouvrent une école à Tananarive. Il y aura dans l’île 23 écoles (dont 20 en pays mérina), scolarisant plus de deux mille élèves, dont un tiers de filles. C’est à cette époque que le malgache se dote d’un système de transcription phonétique. Plusieurs milliers de Malgaches savent lire à la fin des années 1820 et les missionnaires entreprennent de traduire la Bible dans la langue du pays. Des techniques européennes sont alors introduites, principalement dans la capitale.



1821 : Sylvain Roux réoccupe Sainte-Marie au nom de la France. Il mourra l’année suivante et ses successeurs ne pourront conserver à la France que cette unique possession.



1823 : Radama prend le contrôle de Tamatave, soumet le pays betsimisaraka, fait arracher à Foulpointe la pierre de possession jadis érigée par les Français et pousse jusqu’à la baie d’Antongil avant d’occuper Vohémar.



1822 et 1824 : Radama mène des campagnes victorieuses en pays sakalave et prend Majunga.



1824 : Le roi antemoro accepte de payer tribut à Radama.



1825 : Une armée mérina s’empare de Fort Dauphin où était installée une « garnison » de cinq Français.



28 juillet 1828 : Mort de Radama.



1828-1861 : Règne de Ranavalona Ière. Elle était la première femme et la cousine de Radama et fut portée au pouvoir par les chefs de l’armée et de la noblesse, bien décidés à exercer eux-mêmes le pouvoir. La nouvelle oligarchie ainsi constituée manifeste de l’hostilité à l’influence européenne. Le résident anglais Lyall est chassé. En 1829, les Français réoccupent Tamatave qui sera évacuée sous Louis-Philippe, soucieux d’éviter tout conflit avec l’Angleterre. Les traitants européens sont chassés en 1845, ce qui entraîne le bombardement commun de Tamatave par les escadres anglaise et française du commandant Kelly et de l’amiral Romain-Desfossés. Comme le Japon, la Chine ou le Maroc à la même époque, le royaume malgache tente de s’opposer à la pénétration européenne en cherchant à s’isoler complètement de l’extérieur, avec une exception pour le trafic d’armes et certains produits européens. Le Malouin Napoléon de Lastelle établi à Tamatave jouait alors les intermédiaires. Le Français Jean Laborde installe pour sa part une manufacture de fusils à Mantasoa.



1830 : Début des persécutions contre les chrétiens. Les baptêmes sont prohibés en 1832 et il est interdit de s’affirmer chrétien en 1835. Les missionnaires sont chassés et les deux premiers martyrs malgaches sont exécutés. Dix autres le seront en 1840, dix-huit en 1849.



1831 : La reine fonde la ville de Fianarantsoa.



1835 : Les tentatives de conquête des régions méridionales de l’île débouchent sur des échecs en raison de la faiblesse des ressources locales.



1845 : Le conseil colonial de la Réunion fait part, dans une adresse à Louis-Philippe, de « son espérance de créer à Madagascar une grande et importante colonie ».



1853 : Le gouvernement malgache accepte la réouverture des ports.



1855 : Le Français Lambert est reçu à Tananarive et obtient du fils de la reine, Rakoto, la conclusion d’un traité demandant le protectorat français. Napoléon III, qui ne veut pas s’aliéner l’Angleterre, ne donne pas suite à ce projet.



1857 : Réaction xénophobe antieuropéenne qui vaut à Laborde lui-même d’être chassé de Madagascar. Une centaine de chrétiens sont tués ou réduits en esclavage.



18 août 1861 : Mort de la reine Ranavalona Ière. Elle a désigné son fils Rakoto pour lui succéder sous le nom de Radama II. Le nouveau roi abolit la peine de mort et décrète une amnistie générale, supprime les corvées, réduit la durée du service militaire et libère de nombreux captifs. Il proclame la liberté des cultes et ouvre tout grand les portes du royaume aux Européens, ce qui permet le retour de Laborde, nommé consul de France.



1862 : Un traité franco-malgache reconnaît Radama II comme roi de Madagascar et accorde de nombreux avantages aux Français. Peu de temps après, le représentant Caldwell obtient des avantages analogues pour l’Angleterre.



11 mai 1863 : Radama II est assassiné à l’instigation des adversaires des réformes. Ils mettent sur le trône Rasoherina, première femme et cousine de Radama qui sera de fait soumise à l’oligarchie.



14 juillet 1864 : Rainilaiarivony devient premier ministre.



1864-1870 : Voyages d’Alfred Grandidier, qui s’impose comme le pionnier de l’exploration méthodique de Madagascar.



1865 : Le précédent ayant été dénoncé, un nouveau traité est signé avec l’Angleterre, un texte comparable l’est avec les États-Unis en 1867 et un autre avec la France en 1868 – la charte Lambert a été dénoncée et les Malgaches, naguère très francophiles, ont alors changé d’attitude.



1868 : Mort de la reine Rasoherina. Avènement de Ramona, sa cousine et deuxième épouse de Radama II, qui prend le nom de Ranavalona II. Lors de son couronnement, les idoles traditionnelles sont remplacées par la Bible.



21 février 1869 : La nouvelle reine et Rainilaiarivony reçoivent le baptême et sont mariés chrétiennement. Le protestantisme progresse alors rapidement dans la noblesse et les catholiques se voient réduits à l’évangélisation des humbles et des esclaves.



1868 : Promulgation d’un code de 101 articles, complété en 1881 par un code de 305 articles qui visent à réformer et à moderniser le pays dans le domaine juridique. La polygamie est abolie et la répudiation unilatérale par les maris proscrite mais la prohibition des mariages entre personnes de castes différentes demeure.



1869 : L’ouverture du canal de Suez donne une importance nouvelle à l’océan Indien.



1877 : Émancipation des esclaves importés d’Afrique.



décembre 1878 : Mort de Jean Laborde. Le différend apparu à propos de sa succession fournit à la France une occasion de reprendre une politique active à Madagascar.



mai 1882 : Le consul français Baudais quitte Tananarive et, en juin, le capitaine de vaisseau Le Timbre vient réaffirmer les droits de la France à Nossi Bé et sur la côte nord- ouest où l’on escompte la présence d’un important gisement de charbon.



mai 1883 : L’amiral Pierre occupe Majunga après l’échec des négociations menées en Europe par un ambassadeur de Rainilaiarivony. Le gouvernement malgache ayant repoussé l’ultimatum français réclamant la cession de l’île au nord du 16e parallèle, le respect du droit de propriété des Français et une indemnité pour les héritiers de Laborde, Tamatave est occupée le 11 juin après avoir été bombardée.



13 juillet 1883 : Mort de Ranavalona II. Avènement de Ranavalona III. Pendant ce temps, les Français s’emparent de Diego Suarez et deVohémar.



17 décembre 1885 : Traité franco-malgache de Tamatave. La France bénéficie d’une sorte de protectorat puisqu’elle « représentera Madagascar dans les relations extérieures » et qu’elle aura un résident doté d’une escorte militaire à Tananarive. Elle allait de plus occuper Diego Suarez mais reconnaissait l’autorité de la reine sur l’ensemble de l’île. Le résident Le Myre de Vilers obtient également que Madagascar s’adresse au Comptoir d’escompte pour emprunter l’argent nécessaire au paiement des indemnités dues à la France. Une ligne télégraphique est établie entre Tamatave et Tananarive et douze jeunes Malgaches sont envoyés étudier en France. Des vice-résidents français sont installés à Majunga, Tamatave, Mananjary, Fianarantsoa et Nossi-Bé.



1885 : Publication de l’Histoire de la Géographie de Madagascar d’Alfred Grandidier.



1889 : Des gouverneurs nommés par le pouvoir central mérina sont chargés de l’administration locale.



5 août 1890 : Signature d’une convention franco-anglaise reconnaissant, en échange de la reconnaissance du protectorat anglais sur Zanzibar, celle « du protectorat français sur Madagascar, avec ses conséquences ».



22 juin 1894 : Devant l’extension d’une situation d’anarchie dans plusieurs régions de Madagascar, la Chambre des députés française affirme à l’unanimité – sur une proposition de Louis Brunet, représentant de la Réunion – qu’elle est « résolue à soutenir le gouvernement dans ce qu’il entreprendra pour maintenir notre situation et nos droits à Madagascar, rétablir l’ordre, protéger nos nationaux, faire respecter le drapeau. » En octobre, Le Myre de Vilers vient proposer un projet de traité instituant un véritable protectorat mais Rainilairanivony répond par des contre-propositions évasives et, le 27 octobre 1894, les Français évacuent Tananarive.



15 janvier 1895 : L’occupation de Majunga par les troupes françaises complète les préparatifs de l’expédition dont le principe a été accepté par la Chambre des députés française, malgré l’opposition des socialistes et des radicaux. Le corps expéditionnaire comprend 15 000 hommes et l’acheminement des moyens nécessaires impose la construction d’une route praticable pour les convois. Ces travaux causent la mort, du fait du climat insalubre, de plusieurs milliers de soldats et de convoyeurs algériens et somalis recrutés à cet effet.



juin 1895 : Les troupes françaises commandées successivement par les généraux Metzinger et Voyron établissent une base de départ à Maevatanana en vue de l’attaque contre Tananarive. Les tentatives de réaction des troupes malgaches, engagées en ordre dispersé, sont aisément repoussées.



fin août 1895 : Le corps expéditionnaire français aborde le plateau mais l’aménagement de la route ralentit sa progression.



14 septembre 1895 : Le général Duchêne, commandant en chef de l’expédition, décide de constituer une colonne légère de 4 000 combattants pour accélérer la marche vers l’intérieur.



30 septembre 1895 : Les troupes françaises s’emparent de Tananarive placée sous le feu de l’artillerie déployée sur les collines flanquant la ville à l’est.



1er octobre 1895 : Signature du traité de protectorat, analogue à celui proposé l’année précédente par Le Myre de Vilers. Le Résident général sera chargé des relations extérieures et la reine devra mettre en œuvre les réformes jugées utiles par la France. La formule du protectorat satisfait les missionnaires soucieux de respecter l’identité indigène mais aussi les hommes d’affaires qui pensent pouvoir s’entendre avec des autorités locales plus malléables que des administrateurs coloniaux.



novembre-décembre 1895 : Les troupes françaises doivent réprimer des insurrections déclenchées contre l’autorité du pouvoir mérina.



18 janvier 1896 : Après que Madagascar fut passée, le mois précédent, de l’autorité du ministère des Affaires étrangères à celle du ministère des Colonies, le Résident général Laroche fait signer à la reine un nouveau traité par lequel la « prise de possession par la France » se substitue au « protectorat ». Il est cependant demandé au Résident « d’éviter tout acte de nature à affaiblir sans nécessité l’autorité de la reine auprès de ses sujets ».



mars-mai 1896 : De nouvelles insurrections se déclenchent à la périphérie de l’Imérina, encouragées en sous-main par l’oligarchie traditionnelle.



6 août 1896 : Une loi votée par la Chambre le 20 juin, par 329 voix contre 82, déclare « colonie française l’île de Madagascar et les îles qui en dépendent ».



26 septembre 1896 : Laroche décrète l’abolition complète de l’esclavage, deux jours avant de transmettre le commandement civil et militaire de l’île au général Gallieni.

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