mercredi 29 janvier 2014

Madagascar : chiffrer les coûts de la crise politique - Banque mondiale

  • Avec une économie au point mort, le revenu par habitant a chuté : Madagascar a connu une forte croissance démographique (2,9%), la population ayant augmenté de plus de 3 millions de personnes de 2008 à 2013. Avec un revenu national qui stagne,  le revenu par habitant en 2013 est retombé à son niveau de 2001.
  • La pauvreté a fortement augmenté: Les premières estimations indiquent que, de 2008 à 2013, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté (qui était déjà élevée avant la crise) a sans doute augmenté de plus de 10 points de pourcentage. Aujourd’hui, plus de 92% de la population vit avec moins de 2 dollars PPA (parité de pouvoir d’achat) par jour ce qui fait de Madagascar l’un des pays les plus pauvres au monde.
  • Les indicateurs  sociaux se sont détériorés : en dépit de l'aide liée à la crise dans les secteurs sociaux, selon les estimations le nombre d'enfants non scolarisés a peut-être augmenté de plus de 600.000. La malnutrition aiguë des enfants reste un problème critique. Dans certaines zones, elle a augmenté de plus de 50%. De nombreux centres de soins de santé ont été fermés, et les parents pauvres ont dû assumer une lourde part du coût de scolarisation de leurs enfants, en raison de la défaillance du financement étatique. Cette évolution hypothèque le bien-être des générations futures. À ce jour, Madagascar ne sera pas en mesure d’atteindre la plupart des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) d'ici 2015, même ceux qui avaient été jugés, avant la crise, potentiellement réalisables (tels que la réduction de la mortalité infantile, l’augmentation du taux net de scolarisation et d'achèvement dans le primaire, ainsi que l’élimination de l’extrême pauvreté).
  • Les finances publiques sont de plus en plus sous pression: Le maintien de la stabilité macroéconomique a dû se faire sous une pression croissante. Les recettes fiscales sont en baisse, la fraude fiscale a augmenté, et la capacité à maintenir le niveau des dépenses globales est remise en cause en raison des pressions politiques, des grèves et des chocs. Même si la gestion macro-économique reste prudente, le transfert des coûts d’assainissement d'une situation fiscale affaiblie au prochain gouvernement est un risque réel.
  • L'aide étrangère reste en sourdine: L'aide officielle sur la période 2009-13 a chuté d'environ 30%, avec une proportion importante transférée vers des programmes humanitaires, ce qui soulève la question de leur pérennité.
  • L’infrastructure s'est détériorée: En plus des dégâts causés par les cyclones, des coupes budgétaires sévères en matière d'investissement et de maintenance ont aggravé la dégradation des routes et des infrastructures d’eau et d'électricité ce qui entrave la croissance à moyen et à long terme de l'économie malgache.
  • La capacité d’adaptation aux chocs exogènes est gravement compromise: les risques actuels liés au contexte économique mondial, en particulier en Europe, augmentent la vulnérabilité de l'économie malgache, compte tenu de sa dépendance aux exportations et au tourisme. Le pays est aussi très vulnérable aux catastrophes naturelles (tels que les cyclones de 2008 et 2012). La crise politique est devenue un obstacle majeur qui empêche de faire face à ces chocs et d’en atténuer l’impact.
  • La résilience de l'agriculture a contribué à éviter une crise alimentaire jusqu'ici, mais de nouveaux risques sont apparus: l'invasion acridienne en cours menace la production agricole et la sécurité alimentaire. La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que jusqu'à 60% de la récolte de riz est menacée. La crise politique représente un obstacle à la mise en place d'une réponse appropriée.
  • Les problèmes de longue durée en matière de gouvernance à Madagascar ont été exacerbés: l'affaiblissement de l’état de droit, l'insécurité croissante, la mauvaise gouvernance dans l'exploitation des ressources naturelles (bois de rose, or, pierres précieuses), des progrès limités sur le front anti-corruption et la faible transparence dans la gestion des ressources publiques sont des problèmes que la crise n’a fait qu’aggraver.
  • La résilience du secteur privé au cours des premières années de  crise est de plus en plus mise à l’épreuve : Il y a eu peu de nouveaux investissements nationaux ou étrangers. Le manque de dynamisme économique global, les problèmes croissants d'infrastructures  (notamment, l’état des routes et l'accès à électricité), ainsi que la détérioration de l'environnement de la gouvernance nuisent aux perspectives de croissance  à court et à long terme du secteur privé. Aucune création importante d'emplois n’a pu, ou ne  pourra, avoir lieu dans ce contexte.
Madagascar était déjà parmi les pays les plus pauvres du monde avant le début de la crise, et celle-ci n'a fait qu'empirer les choses. La crise détourne l'attention d’un ensemble de défis cruciaux, hypothéquant ainsi l'avenir des citoyens malgaches. Une résolution politique de la crise est donc urgente. Le premier tour des élections présidentielles devait avoir lieu le 24 juillet  prochain mais vient d’être reporté au 24 août par le gouvernement de transition.

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