mardi 28 janvier 2014

le Vatican, Etat et fortune

Derrière les hauts murs qui enserrent le Vatican, se cache une puissance mondiale financière et politique. Discrète. Coupée du monde extérieur. Connue d'une poignée de personnes seulement. Parfois, une information filtre; le plus souvent, quand quelque chose ne va pas : un scandale, comme celui de la Banco Ambrosiano, les placements 'imprudents' du cardinal Marcinkus... Frédéric Hacourt, journaliste à Rome, rompt le mur du silence et nous emmène à travers les dédales du Vatican. A travers les structures, l'organisation, vers le centre de décision véritable : là où se cachent les finances

Derrière les façades historiques, derrière les hauts murs qui entourent la Cité du Vatican, se cache l'un des grands centres de pouvoir politique et économique mondiaux, protégé par l'atmosphère feutrée de la cour des princes de l'Eglise et par l'immunité qui découle de leur fonction. Un centre de pouvoir qui n'a d'égal . si l'on envisage le secret qui l'environne, et ses méandres - que le Kremlin en son temps.

Mais ceci n'intéresse pas notre visiteur. Son pèlerinage aux sources de la chrétienté lui aura peut-être coûté des années et des années d'efforts autant psychologiques qu'économiques. Peu lui importe alors, de savoir ce qui est fait de son offrande (laissée dans des troncs judicieusement placés sur son parcours), car il est venu ici pour chercher l'espoir et le salut. Et il les a trouvés grâce aux bons soins d'un pape moderne, féru de relations publiques, d'effets théâtraux et de grandes entreprises publicitaires.

Laissons de côté la digne attitude du pèlerin parvenu à Rome. Analysons plutôt le sens, la signification du trafic constant qui unit le monde de la politique, le monde de la finance, et le palais de l'Eglise.

Tout d'abord, une distinction banale en apparence mais essentielle dans ses effets: celle qui sépare Etat du Vatican et Saint-Siège.

Le Saint-Siège est cette souveraineté abstraite du pape sur les catholiques, estimés à 700 millions. Un organisme, bien que ne possédant aucun territoire, reconnu par toutes les instances internatiomiles. A l'échelle planétaire, c'est la seule exception du genre - si l'on exclut l'Ordre de Malte, par ailleurs directement lié au Siège Apostolique Autour (ce concept de Saint-Siège, gravitent toutes les nuances de l'Eglise universelle.

C'est un des plus petits états du monde avec le Lichtenstein, la République de San-Marino et la Principauté de Monaco. Le pape en est le souverain de droit absolu et divin, concentrant entre ses mains les trois pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire.

Faisons un exemple concret : celui de la nationalité vaticane. Son octroi ne suit aucune règle écrite, mais bien le bon vouloir des autorités compétentes (les cardinaux) qui l'accordent en reconnaissance d'un lien spécifique entre l'Etat et la personne (et cela concerne avant tout les diplomates, les conseillers, les employés laïques résidents et leur famille).
Les citoyens du Vatican sont à cette heure plus ou moins quatre cents.

L'attribution du passeport, par contre, est un privilège du SaintSiège. Car il faut savoir que l'Etat souverain du Vatican n'entretient pas de relations extérieures. Ces passeports sont actuellement au nombre de cent soixante, et en bénéficient les ecclésiastiques diplomates.



Malgré les fortes résistances exprimées par les cardinaux prévalut, sous Paul VI, la raison de sensibiliser tous les fidèles aux 'problèmes économiques' du Vatican - dans le but, cela va de soi, de solliciter les offrandes en présentant une situation catastrophique et une 'Eglise pauvre'.

Ce qui ne correspond que de loin à la réalité : les opérations (dont certaines fort peu honnêtes., mais surtout très rentables) de l'institut pour les Oeuvres de Religion, ou IOR ne figurent par exemple jamais dans le compte-rendu livré aux archevêques et dont, jusqu'à la mort de Paul VI, n'était rendue publique que la prévision du déficit (estimé à 20.240.000 dollars en 1979).

Etrange pratique qui a permis et permet encore au Saint-Siège de disposer des dons faits par les fidèles sans devoir en justifier l'usage.

La cause de tant de secret ? Tout d'abord, dit-on chez les cardinaux, la divulgation intégrale des comptes du Vatican ne rencontrerait que l'incrédulité, et aurait des effets nocifs.
Toute information donnée hors contexte serait trop facilement déformée et manipulée par les ennemis de l'Eglise. Sans oublier le problème de fond : l'encyclique Populorum Progressium de Paul VI ne condamne-t-elle pas les principes et méthodes du capitalisme ?

Comment, alors, faire admettre que l'Eglise est 'condamnée', pour se donner les moyens de sa politique, à opérer en bourse, à posséder des intérêts dans la grande industrie, à participer au développement des multinationales ? Mieux vaut, dit-on au Vatican, quelques pieux mensonges par omission et insister sur l'aspect apostolique de l'Eglise.



le grand one-man-show du pape, en six étapes à travers tout le pays (d'immenses réunions de plus d'un million de personnes dans les stades, fruit de l'habile propagande du clergé) durant lesquelles Woityla, manoeuvrant entre le mysticisme et l'hystérie des foules, définissait Solidarnosc Comme un 'centre puissant et dynamique de la vie ouvrière, intellectuelle et spirituelle placé sous le symbole de la vierge de Jasna Gora et ajoutait : "Je me sens responsable de la Pologne !" D'ou, réaction plus ou moins feinte du pouvoir (censure à la télévision, pression politique, démenti,,,... ) et contre-réaction de Wojtyla qui corrigeait le tir en insistant sur l'urgence pour le peuple, en vertu de la Raison d'Etat, d'accepter l'autorité du gouvernement. Ainsi Wojtyla tout en critiquant le régime et en louant Solidarriosc, exaltait le patriotisme et la religion comme éléments de cohésion sociale, laquelle sous-entend la nécessité d'une victoire clé la société sur elle-même afin d'éliminer ses tendances centrifuges. D'où, aussi le besoin d'un dialogue avec le pouvoir justifiant en plein l'accord de non-agression passé entre Wojtyla et Jaruzelski. Les USA prêtaient main-forte au pape en estimant que son voyage représentait une 'lueur d'espoir' pour la Pologne, et décidaient la fin de l'embargo en échange très significatives de libéralisation' (et, de fait, l'état du siège sera levé un mois plus tard).

Restait Lech Walesa : le jour même de sa rencontre 'secrète' avec la pape, l'Osservatore Romano écrivait : 'Officiellement, Walesa sort une fois de plus de la scène. Nous pouvons dire qu'il a perdu sa bataille (...) ... ) Rendons-lui l'honneur dés armes.' Ce lui déclenchait un certain mouvement de stupeur.

L'auteur de l'article donnait sa démission et affirmait qu'il n'avait fait qu'exprimer une opinion personnelle - chose invraisemblable dans un journal où rien n'échappe à la vigilance de la Secrétairerie d'Etat.

la constitution d'un Fonds pour l'agriculture, fruit d'une récolte de capitaux en Allemagne fédérale, aux Etats Unis et au Canada desquels, par voie de la proximité ou de l'immigration, sont sensibles au problème polonais pour un montant de 1.700 millions de dollars à distribuer en cinq ans à 3 millions d'entreprises familiales privées (représentant 75% de la production nationale).

La gestion de ce Fonds doit bien entendu être confiée à l'Eglise polonaise et lui permettre de réaffirmer son emprise sur les campagne,, qui, traditionnellement, sont plus sensibles à la religion qu'au communisme.

La radio Vaticane, essentiel instrument de propagande, émet à partir d'installations situées en dehors de Rome (sur utile propriété extraterritoriale) et emploie 260 personnes dont 65 laïcs des techniciens surtout, de 35 nationalités différentes. File diffuse des programmes d'une longueur moyenne de quinze minutes en 32 langues y compris le mandarin !)

Leur contenu est directement soumis à l'approbation de la Secrétairerie d'Etat. Les coûts lié à cette radio, comparés à ceux d'autres émetteurs, sont relativement réduits bien qu'elle n'accepte pas de publicité.
Elle est actuellement en phase de modernisation, dont la dépense extraordinaire (près de 10 millions dollars, dont 3 millions pour une antenne pivotante unique au monde) est à charge de la Secrétairerie d'Etat. Parallèllement, vient d'être créé un centre de production télévisée travaillant à la diffusion de l'image charismatique du Saint Père : son premier reportage, sur le voyage de Wojtyla à Lourdes., a été diffusé par les télévisions occidentales et acheté un peu partout en Amérique latine.



Les 44 hectares proprement dits du Vatican (constitués par des appartements, les musées, les jardins, et la basilique Saint-Pierre), ainsi que 688.000 m² de terrains construits à usage administratif, plus les universités pontificales, plus les quelques 40 hectares de la villa d'été du pape à Castelgandolfo, plus encore 550 hectares d'exploitations agricoles, 200 hectares en bordures de mer et 1.200 hectares en périphérie de Rome, constituent ce que l'on appelle l'extraterritorialité du Vatican et échappent à la juridiction italienne.
Il n'en va pas de même pour les 325 ordres féminins (19.812 membres) et les 87 ordres masculins (5.730 membres) représentés à Rome, avec 600 maisons-mère, 306 paroisses, 30 cloîtres et 1.700 communautés, qui possèdent d'énormes propriétés dont une bonne part est constituée par des immeubles de rapport. Ces propriétés ne sont pas - s'en étonnera-t-on ? - recensées comme telles, mais sont enregistrées auprès du cadastre de l'Etat italien sous les dénominations les plus diverses comme : chapitres, confraternités, archiconfraternités, congrégations, vicariats, provinces ecclésiastiques, diocèse, archidiocèse, basiliques, archibasiliques, secrétariats, hospices, athénées, collèges, instituts, procures, cures, fondations, sociétés, oeuvres pieuses, missions, personnes morales gérées par des congrégations, maisons d'exercices spirituels, conservatoires, séminaires, comités, etc. Une véritable jungle de noms et prête - noms - car il faut savoir qu'une 'maison pieuse' n'entre pas dans le même registre qu'une 'pieuse maison'...

La Banque du Vatican au hit-parade des dix destinations les plus utilisées pour le blanchiment d'argent.

Selon une source internationale, le Vatican est le principal destinataire de plus de 55 milliards de dollars US d'argent sale italien et se place à la huitième place des destinations utilisées à travers le monde pour le blanchiment d'argent, devant des paradis fiscaux comme les Bahamas, la Suisse ou le Liechtenstein.

Une enquête récente du "London Telegraph" et du "Inside Fraud Bulletin", cite la Cité du Vatican comme étant un des principaux États "cut out" au même titre que des paradis fiscaux tels que Nauru, Macao et l'Ile Maurice. Un État "cut out" est un État dans lequel la législation sur le secret bancaire rend impossible la traçabilité de l'origine des fonds qui y sont déposés.

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..."Le pur ébionisme, c'est-à-dire la doctrine que les pauvres (ébionim) seuls seront sauvés, que le règne des pauvres va venir, fut donc la doctrine de Jésus.

«Malheur à vous, riches, disait-il, car vous avez votre consolation ! Malheur à vous qui êtes maintenant rassasiés, car vous aurez faim. Malheur à vous qui riez maintenant, car vous gémirez et vous pleurerez.»

«Quand tu fais un festin, disait-il encore, n'invite pas tes amis, tes parents, tes voisins riches ; ils te réinviteraient, et tu aurais ta récompense. Mais quand tu fais un repas, invite les pauvres, les infirmes, les boiteux, les aveugles ; et tant mieux pour toi s'ils n'ont rien à te rendre, car le tout te sera rendu dans la résurrection des justes."...

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