mercredi 29 janvier 2014

NATO/Libya - REPORT of Lizzy Phelan - Where is the truth

traduction en français à la suite.





« J’ai été en Libye deux fois au cours des six derniers mois de la crise. La première fois pour une mission de paix. La seconde j’étais correspondante de Press TV. J’ai aussi fait quelques reportages pour Russia Today. Je suis  partie juste après la prétendue chute de Tripoli et j’y étais durant cette horrible semaine de combats dans Tripoli. Dan a expliqué comment cette guerre en Libye s’inscrit dans le cadre d’une guerre contre l’Afrique, mais je voudrais juste ajouter quelque chose : Dan a mentionné comment l’OTAN avait bombardé plus de 100 000 soldats, mais il y avait aussi des milliers d’hommes et de femmes ordinaires. Il y a eu beaucoup de femmes qui se sont portées volontaires depuis le début de la crise pour défendre leur pays et tous ont été armés par le gouvernement. Durant cette semaine qui a vu le début des combats, j’ai vu comment ces hommes et ces femmes ordinaires ont pris les armes qu’ils avaient appris à manier durant six mois pour défendre leur pays.
En tant que journaliste je voudrais évoquer le rôle pris par les médias et cela a été une incroyable guerre médiatique.
Les médias dirent que des milliers de personnes étaient sur le point d’être tués à Benghazi, mais jamais ils ne nous montrèrent la moindre preuve.
Ils ont dit que six mille personnes avaient été tuées par le gouvernement. Les organisations de défense des droits de l’homme ont confirmé qu’approximativement 250 personnes étaient mortes, les deux côtés pris ensemble.
Ils ont dit que le gouvernement libyen attaquait son propre peuple par les airs. Les satellites espions russes ont depuis montré que cela était juste impossible.
Ils ont dit que le gouvernement engageait des mercenaires venus d’ailleurs en Afrique. Ils ne nous en montrèrent jamais la preuve. Au lieu de cela, nous avons vu les vidéos de libyens noirs et d’autres africains noirs lynchés en place publique par les troupes au sol de l’OTAN, les rebelles, avec une foule de personnes filmant avec leurs téléphones sous le regard des forces spéciales occidentales.
Ils ont dit que Kadhafi était haï par son peuple, mais ils ne nous montrèrent jamais les 1,7 millions de personnes, sur les six millions que compte le pays, massés sur la place verte le 1er juillet, ni les masses à Tarhūnah, Supa, Beni Walid, à Syrte et à travers le pays, qui manifestèrent leur allégeance à leur chef et à la Jamahiriya. Ils ne nous ont jamais montré les masses, comme je l’ai dit, d’hommes et de femmes ordinaires qui ont accepté les armes offertes par le gouvernement pour défendre leurs familles, leurs quartiers et leur pays des gens qui voulaient les condamner à l’asservissement à l’impérialisme.
Ils disaient qu’ils visaient les forces militaires de Kadhafi. Ils ont ignoré les 33 enfants, 32 femmes et 20 hommes que j’ai vus enterrés dans les petites villes de Marj et Zlitan au début du mois d’août.
Ils ont dit que c’est le 20 ou le 21 août que Tripoli était tombée sans résistance, mais ils ne nous ont pas dit qu’en seulement douze heures 1300 personnes avaient été massacrées dans la ville et que 900 autres y avaient été blessées.
Ils ont dit que Tripoli était tombée sans résistance et que Saif Al-Islam (l’un des fils de Kadhafi) avait été arrêté et capturé, et que le Bunker de Kadahfi de Bab Al-Azizia avait été pris par les rebelles. Pourtant, Saif Al-Islam, lui-même, apparu dans l’hôtel où j’étais moi-même bloquée et emmena avec lui un groupe de journalistes pour voir dehors, de leur propres yeux.
Ils ne nous montrèrent pas les milliers de gens emplissant la caserne de Bab al-Azizia et les rues de Tripoli en brandissant le drapeau vert dans la nuit du 22 août.
Ils ont dit que Tripoli était tombée sans résistance, mais ils ne nous montrèrent pas que 24h après que les journalistes de toutes les grandes chaînes de médias occidentales avaient vu le site de Bab Al-Azizia, celui-ci fut bombardé 63 fois avec les bombes de l’OTAN.
Ils ne nous montrèrent pas comment les gens rassemblés pour défendre leur capitale contre ceux qui souhaitent retourner à l’époque du fantôche colonial, le roi Idris, furent attaqués par des missiles tirés pas des hélicoptères de combat Apache.
Ils ne nous montrèrent pas comment les courageux habitants de d’Abu-Sleem, le quartier le plus pauvre de Tripoli, et le plus fidèle support à Kadhafi, résistèrent durant 5 jours jusqu’au 24 août, avant que l’OTAN ne décide de tirer sur tout ce qui bougeait et que des tas de corps s’alignent le long des rues.
Ils nous ont dit que le pays avait été « libéré ». Six semaines plus tard, les rebelles concédèrent qu’ils n’étaient pas en mesure de déplacer leur quartier général dans la capitale. Je crois que les rebelles ont aujourd’hui confirmé qu’ils ne seront pas en mesure de prendre Beni Walid ainsi que la place forte de Syrte.
Alors, Kadhafi génocidaire, tellement haï par son peuple au point qu’ils supplient l’OTAN de bombarder leur propre pays, tellement haï que la capitale est tombée sans résistance… Ou alors, OTAN génocidaire, assassinant les masses de libyens prêts à mourir pour leur leader, exactement comme à Tripoli.
Je sais pour quelle version nous avons beaucoup de preuves. En fait, il y a tellement de preuves que même le journal du parti conservateur, The Telegraph, a été incapable de s’en cacher. Parmi les nombreux témoignages attestant que les rebelles n’avaient pas le soutien populaire qui était celui de Kadhafi, un article publié cette semaine rapporte ce que j’ai moi-même entendu quand j’étais à Tripoli. Une résidente de Syrte, Susan Fajan dit : « Nous avons vécu en démocratie sous Mouammar Kadhafi. Il n’était pas un dictateur. J’ai vécu dans la liberté. Les femmes libyennes avaient leurs pleins droits. Cela ne veut pas dire que nous avons besoin de Kadhafi à nouveau, mais nous voulons juste pouvoir vivre comme nous le faisions avant. » Dans le même article, une octogénaire, Mabuka, déclare : « La vie était belle sous Kadhafi. Nous n’avions jamais peur. » Toujours dans le même article, une autre dame âgée dit : « Ils tuent nos enfants ! Pourquoi font-ils cela ? Pour quoi ? La vie était belle auparavant. » Et encore un autre qui dit : « Tout le monde aimait Kadhafi et nous l’aimons parce que nous aimons la Libye. Maintenant les rebelles sont là. Nous devrions peut-être accepter cela. Mais Mouammar sera toujours dans nos cœurs. »
Le spectaculaire retournement de position d’Al-Jazira qui après avoir longtemps élevé une voix critique contre les guerres et agressions impérialistes en Irak, en Afghanistan et en Palestine, et qui désormais facilite ces mêmes agressions contre la Libye, la Syrie et même contre les nations progressistes d’Amérique latine, a peut-être été le plus gros coup de propagande que j’ai vu de toute ma vie. Emporter l’adhésion de leurs téléspectateurs arabes en Occident dont l’opinion est particulièrement importante pendant cette vogue que l’on appelle le « printemps arabe », a été un déplacement essentiel afin d’obtenir que les cercles progressistes occidentaux se joignent au processus essentiel de criminalisation de Kadhafi, alors que ces intellectuels auraient dû, au contraire, relever et expliciter le statut  peu connu de la Jamahiriya libyenne et apprendre de celle-ci. Maintenant, les cartes sont sur la table. Le directeur d’Al-Jazira, Wadah Khanfar, a dû démissionner à la suite des publications de Wikileaks révélant qu’il était un pion de la CIA. Il a été remplacé par un membre de la famille royale du Qatar qui a été fortement impliqué dans la guerre contre ses compatriotes, frères et sœurs arables en Libye. Mais malgré la clarté du rôle que joue désormais Al-Jazira, il continue de s’en tirer avec les mêmes ficelles, en jouant sur la corde sensible de l’audience occidentale, racontant combien les problèmes et tragédies des gens de ces pays souverains du Sud viennent de leur manque de démocratie occidentale. Peu importe que cela ait échoué en Occident. L’intérêt d’Al-Jazira pour cette idéologie est certainement lié au fait que le Qatar abrite la plus grande base militaire des Etats-Unis au Moyen-Orient. Ce sont également des amis proches.
Quitter l’Hôtel Rixos où j’étais piégée pendant 5 jours fut le plus surréaliste et probablement le pire jour de ma vie. (…) C’était un mauvais jour.
La ville sûre, accueillante, chaleureuse et pleine de vie, dans laquelle je circulais auparavant s’est soudainement transformée… Elle était en ruines et il était impossible de regarder dans quelque direction que ce soit sans voir des fusils et des armes lourdes. Beaucoup de gens étaient partis se cacher, avaient été tués, et des milliers d’autres avaient fui. Et les gens que je connaissais et qui étaient encore vivants étaient ceux-là même qui m’avaient tant parlé de la glorieuse et récente histoire de la Libye de Kadhafi. Ils étaient évidemment traumatisés et dans un état de choc complet.
La Libye avait atteint le point, comme Dan l’a dit, d’avoir le plus haut niveau de vie en Afrique, un haut niveau d’alphabétisation, l’accès universel aux soins de santé et l’accès gratuit à l’enseignement supérieur, un statut élevé dans la société pour les femmes et le plus haut niveau d’égalité pour une minorité visible noire dans toute l’Afrique du nord et au Moyen-Orient.
Ces quarante années d’avancées révolutionnaires sont désormais inversées. Et pourquoi ?
Il y a un an, après l’enlisement des guerres en Irak et en Afghanistan, et la crise économique des nations impérialistes, il est apparu comme une possibilité restante que l’Occident pouvait s’engager dans une nouvelle guerre coûteuse et embarrassante. Il semblait que l’hégémonie occidentale était alors en voie rapide de disparition.
Mais, comme a pu le dire Hugo Chavez, proche de Kadhafi, dans sa dernière lettre à l’Assemblée générale des Nations Unies, « En ce moment, il y a une très grave menace pour la paix mondiale, a-t-il dit. Un nouveau cycle de guerres coloniales, qui a débuté en Libye avec l’objectif sinistre de rafraîchir le système capitaliste global », fin de citation. Il savait que son pays serait touché dans ce cycle avec les mêmes procédés que ceux utilisés en Libye et désormais en Syrie. En l’absence d’un média anti-impérialiste efficace capable de dénoncer les ruses et les mensonges des médias, c’est le rôle de tous les gens progressistes que de se lever pour défendre les pays souverains de l’hémisphère sud qui, comme la Libye et la Syrie, sont des épines dans le dos de l’Occident. Sinon, elles seront abattues, l’une après l’autre, et rôties sur le feu mourant de l’impérialisme.
Je veux terminer mon témoignage en adressant mes ardents remerciements aux héroïques résistants « verts » Libyens qui continue d’étonner le monde avec leur capacité à résister à la plus puissante machine militaire du monde. Comme l’a dit Kadhafi, non seulement ils défendent la Libye, mais ils défendent aussi la Syrie, l’Iran, l’Algérie, le continent africain et l’hémisphère sud tout entier.
Merci. »-------------------------Lizzie Phelan née Cocker is an independent war journalist and reporter from the United Kingdom
Phelan has been reporting for Russia Today, Press TV an Iranian public channel, Pravda.ru and the Voltaire Network. Under the name Lizzie Cocker she has been writing for the Daily Mail and for the Morning Star where she reported on anti-war rappers Lowkey and Akala and the Impeach Blair campaign waged against UK Prime Minister Tony Blair on alleged High crimes and misdemeanours related to the War in Iraq. She also reports for the Green Left Weekly
Lizzie was given coverage by Examiner.com, which also launched an international appeal for public support in her favor during her reporting mission in Libya in late August 2011, and Spanish-speaking journals La Republica.es  and Cubadebate.cu. Her articles were discussed by Alex Jones's Infowars.com  and by the Centre for Research on Globalisation. Under the name Lizzie Cocker, her articles were also discussed in The Independent  and by the Embassy of Venezuela in the United Kingdom where she chaired a discussion over the screening of feminist movie Hidden Herstories in 2010. Her positions where debated at the School of Oriental and African Studies where she delivered a talk in 2011, speaking alongside Guardian columnist Seamus Milne, military historian Tariq Ali and rapper Lowkey .
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La vidéo intégrale de son audition :
Témoignage de Lizzy Phelan, journaliste britannique indépendante

Le 4 octobre, lors d’une conférence anti-guerre organisée à Oxford, la correspondante de    guerre, de retour de Libye, a tenu un cinglant réquisitoire contre ses confrères des grands médias, coupables -à ses yeux- de s’être totalement alignés sur la propagande et l’occultation des gouvernants occidentaux.

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