mercredi 29 janvier 2014

ANTANANARIVO - Enquête Sociale

LA FAMILLE
Dans leur immense majorité, les habitants d'Antananarivo jugent très positivement les relations qu'ils ont avec les membres proches de leur famille. Cette qualité des relations familiales seretrouve dans la fréquence de leurs rencontres. Plus de 60% des individus concernés et n'habitant pas avec leur père, leur mère ou leurs enfants disent les rencontrer au moins une fois par mois et bien rares sont ceux qui les rencontrent moins d'une fois par an. Elle se retrouve également dans le fait que les 3/4 des Tananariviens adultes (et 83% des plus pauvres) ont des membres de leur famille qui vivent dans le même quartier qu'eux. L'entraide familiale est très fréquente également. Près de 80% des Tananariviens estiment pouvoir compter sur une aide familiale et, de fait, les 3/4 d'entre eux ont bénéficié d'au moins une aide financière, d'un coup de main dans la vie quotidienne ou d'un soutien psychologique ou moral au cours des 6 derniers mois.
L'enquête « Santé, inégalités et ruptures sociales » (SIRS) a été menée à Antananarivo en 2003, auprès d'un échantillon représentatif de 2807 personnes.

Bien que fortement valorisée, la vie de couple peut se révéler très pénalisante pour les femmes. 20% des femmes vivant ou ayant vécu en couple subissent ou ont subi des violences conjugales, 30% se sont déjà senties dévalorisées par la personne avec qui elles vivaient, 23 % souffrent de l'alcoolisme ou la toxicomanie de leur conjoint Ces expériences, bien que susceptibles d'affecter les femmes de tout niveau social, sont plus fréquemment relatées par les plus pauvres, tout particulièrement la violence et la dévalorisation.

La population n'est pas socialement répartie aléatoirement sur le territoire : un quart des quartiers n'ont aucun ménage du premier décile, ce qui indique l'exclusion des plus pauvres d'un grand nombre de quartiers. C'est moins vrai à l'autre extrémité de l'échelle des revenus : 13% des voisinages ne comptent aucun ménage du dernier décile (les plus riches). On constate également que 18% des quartiers ne comprennent aucune famille monoparentale et 7% ne comptent aucun ménage élargi.

On constate des inégalités importantes dans l'équipement des logements. Le raccordement à l'eau et l'accès à des toilettes avec fosse septique se révèlent être des facteurs particulièrement discriminants. Dans les quartiers pauvres (les 25% des quartiers dont le revenu moyen est le plus faible), moins de 10% des individus ont l'eau courante et 3% seulement ont des WC avec fosse septique contre respectivement 85% et 72% des individus habitant dans les quartiers riches. L'environnement est aussi plus dégradé et le surpeuplement des logements plus élevé dans les quartiers pauvres (en moyenne 3,5 personnes/pièce contre 1,8 dans les quartiers riches).

Les quartiers les plus pauvres se caractérisent par le faible niveau de formation scolaire de leurs habitants : dans le quart des quartiers les plus pauvres, 39% des adultes n'ont aucun diplôme et moins de 10% d'entre eux ont le Baccalauréat ou un diplôme supérieur, contre respectivement 11% et 43% des adultes habitant dans le quart des quartiers les plus riches. Ils se distinguent aussi des autres par la très forte proportion d'actifs occupés dans la population adulte. Cette différence marquée entre les quartiers traduit la nécessité, dans les ménages les plus défavorisés, que tous les membres adultes du ménage, et en particulier les femmes, exercent une activité rémunérée.

L'essoufflement du Fihavanana ?
Quiconque a mis un jour les pieds à Madagascar a entendu parlé du Fihavanana. Ce terme que certains estiment intraduisible renvoie au caractère extrêmement pacifié des relations interpersonnelles et au soutien indéfectible, non seulement de la famille (havana) mais aussi des voisins et amis, dont bénéficieraient les individus. Le Fihavanana implique un ordre social dans lequel chacun est reconnu
dans la place qu'il occupe. Or, un cinquième des adultes estime n'avoir reçu aucune aide au cours des six derniers mois, ni de leurs proches, ni d'institutions, services publics ou associations, et ce dans aucun des domaine interrogés (aide pour trouver un logement, un emploi, aide matérielle ou financière, aide dans la vie quotidienne, soutien moral ou affectif).

De plus, 12% des adultes ont été en dehors du réseau d'aide entre proches au cours des six derniers mois (cette proportion est deux fois plus importante parmi les personnes les plus pauvres - 16% - que parmi les plus riches). Cependant, et de façon étonnante, ces individus en dehors du réseau d'aide (n'ayant ni reçu ni donné aucune aide d'aucune sorte dans le réseau de la famille, des amis et
des voisins) ont en moyenne une relativement forte estime de soi1. Cela peut traduire une certaine fierté liée à l'indépendance vis-à-vis de l'aide, ce qui pourrait signifier qu'être en dehors du réseau d'aide est moins une exclusion qu'un choix stratégique

L'enquête SIRS ayant été menée auprès de ménages ordinaires, l'échantillon exclut par définition l'ensemble des personnes sans-abri au moment de l'enquête. Toutefois, un questionnement rétrospectif a permis de repérer ce type de situations vécues par le passé. Au total, 6% des Tananariviens vivant en ménage ordinaire ont déjà été sans domicile au moins une nuit dans leur vie (c'est-à-dire à la
rue ou dans un centre d'hébergement pour sans-abri, hors période de vacances). Cette proportion apparaît cependant relativement faible en comparaison d'autres pays ; à titre de comparaison, dans des quartiers défavorisés de la capitale française, 15% de la population adulte (interrogée en 2003) avaient été au moins une nuit sans domicile.

Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes avoir une faible estime de soi.
L'importance de cette dévalorisation subjective des femmes est un indicateur fort de l'inégalité des sexes en matière de reconnaissance sociale.

L'insertion par le travail

Parmi les personnes âgées d'au moins 18 ans, 18% des hommes et 28% des femmes n'ont aucun diplôme. En dehors de la détention d'un titre scolaire, 13% (16% des femmes) ont des difficultés à lire le Malgache, et 41% (46% des femmes) à lire le Français. Par ailleurs, 85% des adultes disent avoir été contraints d'arrêter leurs études, dont une moitié (45%) pour des raisons financières et/ou un tiers pour travailler.

Il existe une certaine reproduction sociale, entre parents et enfants, quant à l'accès aux formations qualifiantes. Le niveau de diplôme des individus est fortement lié à celui de leurs parents. Ainsi, 56% des personnes dont le père n'a pas été scolarisé ne possèdent aucun diplôme, alors que ce n'est le cas de quasiment aucune des personnes dont le père ou la mère a suivi des études supérieures.
Inversement, être diplômé du supérieur ne concerne que 3% des personnes dont le père n'a jamais été à l'école, mais 38% de celles dont le père a lui-même poursuivi ses études au-delà du Baccalauréat. Les données recueillies sur l'emploi et le rapport au travail sont fortement affectées par la crise politique et économique de 2002 et marquent un recul important de l'emploi formel, de la salarisation, des revenus réels, du travail et des avantages sociaux. Elles pointent parallèlement une montée du chômage et du sous-emploi.

Les actifs occupés marquent un rapport ambigu au travail. Si 83 % d'entre eux jugent intéressant ou très intéressant leur emploi actuel, ils ne sont que 46 % en moyenne à dire être fier de travailler pour l'organisation pour laquelle ils travaillent. Par ailleurs, ils sont nombreux à estimer que leur travail est stressant (44 %) et qu'il les empêche de consacrer le temps qu'ils souhaitent à leur famille (45 %). Enfin, les trois quarts des personnes qui travaillent disent rentrer épuisées de leur travail.

Revenus du travail et conditions d'activité
Les revenus perçus et les conditions de travail constituent de bons indicateurs de la qualité des emplois générés par les différents secteurs institutionnels. Or en la matière, tout oppose le secteur formel (administration, entreprises publiques, privées formelles et associatives) au secteur informel. Dans le secteur public, où l'ancienneté moyenne des salariés est la plus élevée, les revenus sont les plus élevés, avec un revenu moyen mensuel cependant plus important dans les entreprises publiques que dans l'administration : 724 000 Fmg contre 664 000 Fmg. Dans les entreprises privées formellesl'ancienneté est beaucoup plus faible (5,6 ans). Le revenu moyen mensuel atteint 456 000 Fmg, tandis que le revenu médian est de 260 000 Fmg par mois. C'est dans le secteur privé formel que la charge de travail est la plus lourde, avec plus de 46 heures hebdomadaires. Enfin, le secteur privé informel a une position très particulière. L'ancienneté des actifs (7,2 ans) y est plus faible que dans le secteur public, mais plus élevée que celle du secteur privé formel, et le revenu moyen est bas, bien que supérieur de 38 % au salaire minimum en vigueur : soit 237 000 Fmg par mois, pour 39,8 heures de travail hebdomadaire.
�De plus, 70 % des emplois informels sont permanents.�Ce résultat montre clairement que le secteur informel n'est pas principalement caractérisé par des emplois occasionnels qui génèrent des revenus d'appoint.

Perception de sa situation financière
La pauvreté peut être appréhendée dans une perspective subjective. Si le critère monétaire est privilégié, il ne s'agit plus de fixer un seuil a priori, mais de recueillir l'avis des individus. Par rapport à l'approche monétaire classique, cette analyse prend en compte les personnes qui ont un niveau de consommation que l'on peut juger adéquat, mais qui n'y arrive qu'au terme d'importants efforts
(endettement, etc.) Elle permet ainsi d'appréhender les ménages vulnérables. Elle intègre donc la notion de dépendance (ceux qui empruntent), et repère les ménages susceptibles de tomber dans la pauvreté.
Deux types d'indicateurs ont été retenus : le premier porte sur les contraintes financières ; le second compare le niveau de revenu effectif du ménage au minimum estimé nécessaire par l'enquêté pour vivre correctement. Ce second indicateur permet d'identifier les ménages qui gèrent leurs ressources avec parcimonie, en ajustant leurs dépenses, mais qui sont dans des situations de survie.

L'ampleur de la pauvreté dans la capitale malgache ne fait aucun doute avec le constat d'un endettement inévitable pour 37 % des ménages s'ils veulent assurer un minimum pour leurs quotidiens. Ils sont 62 % dans ce cas dans le quartile des plus faibles revenus. L'extrême vulnérabilité de ces derniers, auquel s'ajoute le sentiment de dépendance, rend leurs conditions particulièrement
difficiles.
Parallèlement, il s'avère que 90 % du quartile des plus démunis estiment que le niveau des revenus de leur ménage est en deçà du minimum requis pour une vie décente. Le pourcentage correspondant est de 68 % pour l'ensemble de la population. Certes, compte tenu du phénomène d'attrition ou d'autolimitation des aspirations déjà observé pour les plus démunis dans différentes enquêtes, globalement le seuil minimum pour « joindre les deux bouts » croît avec le revenu effectif.
On peut ainsi s'interroger s'il est légitime de classer de façon identique parmi les pauvres deux ménages dont le revenu varie de
1 à 100, uniquement parce qu'ils n'ont pas réalisé leurs aspirations. En tout cas, ces chiffres donnent une idée du degré d'insatisfaction des ménages en termes de ressources.

La vulnérabilité
La notion de vulnérabilité constitue une dimension importante de la pauvreté. Différents indicateurs peuvent être retenus pour saisir ce concept. Nous proposons ici deux types d'approche qui reposent sur l'appréciation subjective des individus de l'instabilité des revenus de leurs ménages, d'une part, et de l'évolution de leurs niveaux de vie d'autre part.
Une proportion relativement élevée d'individus (40 %) déclare que les revenus de leurs ménages sont très instables et qui vivent ainsi dans un climat d'incertitude.
�Cette proportion atteint même 57 % dans le quartile des plus démunis. Mais l'instabilité des revenus ne leur est pas réservée. Ainsi, même dans le quartile le plus riche, un individu sur quatre estime que la stabilité de ses revenus n'est pas assurée.
Il convient de souligner que les ménages dirigés par des femmes souvent considérés a priori comme plus vulnérables sont relativement moins nombreux (moins de 35 %) à avoir des ressources instables. Parallèlement, ces derniers n'ont pas été plus touchés que les autres catégories de ménage par la détérioration de la situation économique.

L'intégration citoyenne
Le jugement des Tananariviens sur le fonctionnement de l'administration publique est largement positif, quelque soit leur âge, leur sexe ou leur position sociale : 72 % la jugeaient efficace. La conséquence directe de cette opinion favorable est le fort niveau de confiance que la population accorde aux institutions publiques. Pris globalement, trois Tananariviens sur quatre font confiance à l'administration (en général) dans l'accomplissement de sa mission.
Ils déplorent cependant un certain nombre de dysfonctionnements. Parmi ceux qui ont eu des relations avec l'administration au cours de l'année, plus d'un Tananarivien sur quatre a été victime d'au moins un acte de corruption. La ponction de la corruption affecte d'abord les plus pauvres. En effet parmi les victimes, les ménages du quartile le plus pauvre ont dû verser 8 % de leur revenu à des
fonctionnaires indélicats, contre 2 % pour le quartile le plus riche. De plus, près d'un tiers des administrés n'ont pas trouvé les fonctionnaires à leur poste au moment où ils avaient besoin d'eux.

DEMOCRATIE ?
Toutes les catégories de population approuvent majoritairement la démocratie. Quelle que soit la variable socio-démographique considérée, la démocratie recueille toujours plus de 85 % de partisans et près des trois quarts des Tananariviens sont globalement satisfaits de la manière dont les principes démocratiques sont mis en oeuvre dans le pays.
Avec un taux déclaré de 73 % à la dernière élection présidentielle de 2001, dans un pays où le vote n'est pas obligatoire, la participation électorale peut être considérée comme élevée à l'aune des standards internationaux. Cette participation certes plus fréquente chez les hommes (76%) est cependant également très importante chez les femmes (71%), ce qui mérite d'être souligné.
Près d'un Tananarivien sur deux (48 %) a participé à au moins une action politique de type pétition, grève ou manifestation, au cours de sa vie. On est donc loin de l'apathie citoyenne souvent dénoncée, comme caractéristique des pays pauvres. Si les plus pauvres ont moins souvent été impliqués dans une forme ou une autre de mouvement politique, cette implication n'a cependant pas été négligeable.
(39 % vs 53 % des adultes appartenant au quartile de revenu le plus élevé).

SANTE
les deux tiers des Tananariviens désignent sur une liste au moins un problème de santé, les maladies graves ou chroniques les plus fréquemment mentionnées étant celles touchant le système digestif (pour 29% des enquêtés), puis la migraine (23%) et les troubles importants du sommeil (16%). La population d'Antananarivo rencontre également fréquemment des problèmes de santé dentaire.
Plus d'un adulte sur dix a perdu toutes ou presque toutes ses dents. La santé dentaire des femmes apparaît significativement plus dégradée que celle des hommes.
Près de la moitié des enquêtés estiment avoir des dents à soigner mais seulement un tiers d'entre eux a consulté pour ces problèmes. Par ailleurs, environ 9% de la population présente un profil compatible avec des symptômes de dépression. Parmi eux, seuls 19% ont parlé de ces problèmes à un médecin ou un personnel de santé (sans différence selon le niveau de revenus ni le niveau d'étude).
Lorsqu'on interroge ceux qui n'ont pas consulté pour leurs symptômes de dépression, 52% disent que « ce n'est pas un problème qui relève d'un médecin », 53% que « cela passera tout seul, ce n'est pas grave » et 19% qu'ils se soignent tout seuls. Toutefois, 46% répondent aussi que ce non recours est lié à des problèmes financiers et 18% expliquent qu'ils ne savent pas à qui s'adresser et/ou ne connaissent pas de médecin pour cela.

Inégalités sociales et recours aux soins
La protection sociale contre la maladie est peu développée : un tiers de la population majeure a déjà eu, au cours de sa vie, une couverture maladie et, au moment de l'enquête, 24% bénéficiaient d'un système de prise en charge des frais médicaux. Le bénéfice d'une couverture maladie est d'autant plus fréquent que le niveau de diplôme des individus est élevé (43% des diplômés du supérieur contre 12% des non-diplômés) et que leurs ressources financières sont élevées (45% dans le quartile le plus riche, contre 13% dans le plus pauvre).

Un quart des Tananariviens (de plus de 18 ans) déclarent avoir renoncé à des soins pour des raisons financières lors de l'année écoulée.

Liens entre conditions de vie, situation sociale et santé
On le sait, certains comportements et habitudes de vie peuvent contribuer à préserver sa santé ou, au contraire, être péjoratif pour la santé, par exemple les habitudes alimentaires. Or sur ce point, de nombreuses personnes à Antananarivo ne consomment pas régulièrement des produits pourtant essentiels. Ainsi, un tiers de la population adulte consomme moins d'une fois par mois du lait ou
des produits laitiers ; 12% ne mangent pas tous les mois des fruits ou légumes crus. Concernant les sources de protéines animales, les enquêtés sont 49% à manger du poisson et 64% à manger de la viande plusieurs fois par semaine. Ces comportements alimentaires dépendent de la situation financière des ménages, de même que le tabagisme et l'alcoolisme. Chez les hommes, les plus pauvres sont les plus nombreux à fumer (36% fument dans le quartile de revenus le plus bas, contre 23% dans le quartile le plus riche). Chez les femmes à l'inverse, le tabagisme est le moins répandu dans les catégories défavorisées. Les 2/3 de la population déclarent ne pas consommer de boissons alcoolisées ; 40% de ceux qui consomment de telles boissons, soit 14% de la population totale, ont une consommation excessive d'alcool. D'une façon générale, les femmes boivent moins souvent de l'alcool que les hommes mais, lorsqu'elles le font, elles sont autant qu'eux à boire de façon excessive.
Globalement, un homme sur cinq (soit trois fois plus que les femmes) déclare avoir eu des problèmes avec l'alcool ou la drogue au cours de sa vie.
Près d'un tiers des enquêtés estiment que certaines choses dans leur vie nuisent à leur santé physique, psychologique ou à leur moral. Cette proportion ne diffère pas de façon significative selon le sexe ni l'âge des personnes. Elle augmente par contre lorsqu'on descend dans la hiérarchie des diplômes et est particulièrement élevée parmi les plus pauvres. Trois grands types de situation sont mentionnés par 13% des Tananariviens comme nuisant à leur santé : les problèmes économiques ou financiers, les conditions de travail (ou la situation de non emploi) et, enfin, les habitudes de vie ou l'alimentation. Parmi les actifs occupés, ceux qui travaillent dans le secteur informel jugent plus souvent que les autres que leurs conditions de travail nuisent à leur santé.

Importance de la participation associative
Les associations traduisent une volonté d'organisation collective en vue de répondre à certaines préoccupations. La participation associative est donc bien sûr un indicateur fort de l'insertion sociorelationnelle des individus. Les associations sont nombreuses à Antananarivo et la participation fréquente, tout particulièrement en ce qui concerne les associations religieuses et les associations
familiales. 70 % des habitants adultes d'Antananarivo participent aux activités d'au moins une association. Plus d'un sur deux participe aux activités de deux associations, et même un sur trois aux activités d'au moins trois associations.
La participation aux associations dépend peu du sexe, à l'exception de la participation aux association professionnelles plus fréquente chez les hommes que chez les femmes, et de la participation aux associations religieuses plus fréquente et plus intense chez les femmes : 53 % des femmes participent aux activités d'une association religieuse et 26 % y participent régulièrement contre respectivement 39 % et 19 % des hommes.

Les parcours scolaires
85 % des adultes disent avoir été contraints d'arrêter leurs études. Ce chiffre semble indiquer l'importance que les individus accordent aux études et leur déception devant cette obligation d'interrompre leur scolarité – ainsi que les contraintes sociales pesant sur la scolarité des Tananariviens. Les femmes estiment un peu plus souvent que les hommes avoir dû interrompre leurs études (88 % vs 82%), ce qui rejoint différents constats sur les inégalités devant l'école faits à Madagascar.
Les contraintes conduisant à l'arrêt des études sont diverses et souvent plurielles. Mais même si ce n'est pas toujours l'unique raison ressentie, la contrainte la plus fréquemment citée pour expliquer l'arrêt de sa scolarité est celle d'un manque de moyens financier : 45% de la population a dû interrompre sa scolarité parce que cela coûtait trop cher (ces raisons financières concernant donc 65 % de ceux qui ont dû arrêtés leurs études). La seconde contrainte relève d'un souhait, ou d'un besoin, de travailler – et ce plus fréquemment pour les hommes que pour les femmes (respectivement 40 % et 24 %). Cette deuxième explication est en partie liée à la première lorsque cette volonté s'explique par la nécessité de gagner de l'argent. De fait, nombre de personnes ont cité à la fois l'une et l'autre de ces deux explications. On peut souligner par ailleurs que deux autres types d'obstacles (ou de freins) à la poursuite des études touchent tout particulièrement les jeunes femmes : 13 % des femmes ont dû arrêter leurs études parce qu'elles étaient enceintes ou qu'elles se sont mariées (contre 2 % des hommes) ; et 6 % des femmes ont mis un terme à leur scolarité parce que leur famille ne souhaitait pas qu'elles poursuivent leurs études (contre 4 % des hommes).

Par ailleurs, le redoublement est un événement courant des parcours scolaires : 45 % des personnes ayant suivi ces niveaux d'étude ont redoublé à l'école primaire, 58 % dans le secondaire, et 44 % dans le supérieur. Parmi les personnes concernées par un redoublement, 40 % ont redoublé une fois, 39 % deux fois, 15 % trois fois, 6 % quatre fois ou plus. Les redoublements, tout particulièrement ceux du primaire, ne sont pas sans lien avec l'issue de la scolarité (même si, bien sûr, il ne saurait être question
d'en déduire une relation de cause à effet). Les redoublants à l'école primaire sortent plus souvent que les autres du système scolaire sans diplôme (28 % contre 17 %).
Ceux d'entre eux qui poursuivent une scolarité secondaire après le passage du CEPE ont également des risques plus importants de ne pas avoir le baccalauréat (12 % l'obtiennent contre 24 % des non redoublants du primaire ayant au moins le CEPE).

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