mardi 28 janvier 2014

Réflexion autour du peuplement de Madagasikara

Si l’on excepte quelques points de détail, les racines du peuplement de Madagascar sont aujourd’hui clairement établies. Déserte à l’ origine, la grande île a bénéficié essentiellement d’un double apport migratoire, l’un asiatique et l’autre africain. Mais la réponse aux questions quand et comment divise encore les spécialistes.
 
Une certitude : contrairement à l’Atlantique et au Pacifique, l’océan indien a rapporté les civilisations des peuples riverains. Très tôt, avant le début de l’ère chrétienne, des Grecs, des Arabes, des Indiens, ont profité des vents et courants qui favorisent les échanges pour jeter les bases d’un commerce qui ne pourra que s intensifier par la suite. De l’Inde aux côtes orientales de l’Afrique, en passant par la Perse et l’Arabie, les prémices de la route des épices et, déjà, de la traite des esclaves, étaient en train de s’établir.
Alors sont venus les Indonésiens, ou ceux qui se nomment ainsi aujourd’hui. Au début du premier millénaire, ou un peu plus tard, quittant Sumatra ou Bornéo. Ils ont commencé à franchir l’océan dans leurs pirogues à balanciers. On sait qu’ils étaient d’excellents navigateurs. Ensuite les hypothèses sont nombreuses.
 
Portés par le grand courant équatorial sur les rivages est africains. Ils ont pu faire souche avec les bantous, avant d’aller coloniser Madagascar, avec escales préalables aux Comores. Ou bien les Bantous Sabaki, qui n’ont connu la navigation qu’au VIIIe siècle, ont-ils rejoint les Indonésiens, déjà installés au nord-ouest de la Grande île. Et peut-être y a-t-il eu plusieurs vagues de peuplement, plutôt qu’une seule.
En tout cas, les zones côtières commencent probablement à se peupler entre le Ve et le Xe siécle, sans perdre le contact avec les commerçants arabes des Comores et de l’Afrique, bientôt musulmans.
Par la suite de nouveaux groupes humains islamisés, dont on ne sait, avec précision, si leur origine est asiatique ou africaine, viendront s’installer à l’est de l’île. Ce sont les Rasikajy, qui ont mystérieusement disparu aux environs du XIVè siècle, abandonnant derrière eux l’énigme de marmites à trois pieds taillés dans le chloritoschistes. Ce sont les princes Zafyraminia, qui sont à l’ origine des ethnies Antambahoaka et Antanosy. Ce sont enfin les Antemoro de la rivière Matianana.
Les ethnies malgaches anciennes ou plus récentes, se déplacent, migrent parfois, créent des territoires. A vrai dire, faute de traces écrites sur le parchemin ou dans la terre, leur histoire manque de détail ! On pense toutefois qu’à la fin du XVe siècle, elles sont installées dans les régions qu’elles occupent aujourd’hui. Les choses sérieuses vont pouvoir commencer.
Extrait de Sourires de Madagascar de Viviane Bourniquel, Michel Maussiere, Jean-Philippe Vidal, ed. Les créations du Pélican, Paris, 1998

(*) REMARQUES - PALABRES CULTURELLES INTERNATIONALES
Dans le texte précédent, qui fait un état des lieux intéressant d’un savoir à un moment donné, il n’est guère fait mention des Vazimbas .Ceux-ci sont des populations noires, de petites tailles et aux cheveux crépus, lesquels  sont, par certaines thèses, présentés comme les premiers habitants de l île de Madagascar. Sur le continent africain, on a coutume de convenir, également, que les premiers habitants étaient des Noirs de petites tailles aux cheveux crépus. Leurs descendants seraient les pygmées.
On notera  que le fossile Lucy découvert par une équipe codirigée par Donald Johanson, Yves Coppens et Maurice Taieb, en Ethiopie en 1974- et unanimement considérée comme l’ancêtre du genre humain- ne mesure qu’un mètre vingt, comme j’ai pu le constater de visu, lors de son exposition au Musée Théodore Monod, pendant le 3e festival mondial des arts nègres à Dakar.
La théorie de la dérive des continents du physicien-météorologue Alfred Wegener, ayant pour hypothèse qu’au départ tous les continents formaient un bloc, pourrait d’ une part  justifier le peuplement par voie terrestre du monde par les Australopithecus afarensis africains, et d’ autre part expliquer des populations similaires de part et d’autre du canal du Mozambique qui n’avait pas la même largeur. On pourrait comparer cet état de fait à celui qui prévalait entre l’Ethiopie et le Yémen   actuel, où était installée la fameuse reine de Saba d’Ethiopie. Cela pourrait expliquer également l’épisode biblique de l’Exode des juifs où Moïse et ceux qui l’accompagnait traversent la mer Rouge à gué : « Moïse étendit sa main sur la mer, et l'Éternel fit reculer la mer, toute la nuit par un vent d'est impétueux, et il mit la mer à sec, et les eaux furent divisées. Les enfants d'Israël entrèrent au milieu de la mer, dans son lit desséché, les eaux se dressant en muraille à leur droite et à leur gauche » (Exode, versets 21 et 22).
Thierry Sinda

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